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EXCITABILITÉ

L'excitation nerveuse

Les potentiels de réception nés dans les capteurs sensoriels deviennent des potentiels générateurs qui engendrent dans les nerfs, si le seuil est dépassé, des potentiels d'action. Ceux-ci se propagent parce que l'excitation se transmet de proche en proche en vertu de leur action stimulatrice sur les segments non encore excités : tel est le principe de la conduction de l' influx nerveux. Dans les ganglions et dans les centres, là où les neurones entrent en contact et forment ce qu'on appelle des «   synapses », c'est le plus souvent un agent chimique spécifique de chaque type de synapses (un « médiateur ») qui transmet l'excitation. Dans d'autres cas, celle-ci se transmet par voie électrique. Enfin, l'excitation qui anime les muscles, les glandes et autres effecteurs y est normalement apportée par voie chimique : soit par les médiateurs produits aux jonctions neuro-effectrices, soit par des hormones amenées par la circulation. Aux synapses comme aux jonctions, la cinétique des processus d'excitation est, par définition, représentée dans le décours des potentiels synaptiques d'excitation et des potentiels de jonction.

Sous-jacent à ces phénomènes électriques dont les forces électromotrices sont d'origine ionique (les ions Na+, K+ et Clétant prédominants), un métabolisme chimique complexe fournit l'énergie. Le cycle de l'ATP (adénosine triphosphate) joue à cet égard le rôle principal. Le tissu nerveux excité respire davantage, consomme davantage de glucides et de phospholipides, et exploite tout un équipement enzymatique pour fabriquer et utiliser ses médiateurs.

À côté de ses aspects moléculaires, qui renseignent sur la nature des processus d'excitation et l'origine de leurs signes, le phénomène excitation lui-même a des aspects fonctionnels (cf. systèmenerveux).

Ces aspects fonctionnels sont essentiellement d'ordre cybernétique, dans la mesure où l'excitation est le moyen qu'utilise la nature pour capter, transmettre et traiter l'information et pour l'utiliser à des opérations de commande et de contrôle. Contentons-nous ici de mentionner qu'au sein des structures de connectivité complexes qui constituent le système nerveux central l'excitation doit constamment s'affronter avec son antagoniste, l' inhibition, chacune étant représentée sur les surfaces postsynaptiques par le potentiel qui lui correspond et que, dans des circonstances favorables, on peut capter à l'aide de micro-électrodes intracellulaires.

Lorsqu'on a affaire à une manifestation globale de l'excitation, un réflexe, un comportement moteur spontané, un état de vigilance du cortex cérébral, on ne peut évidemment pas enregistrer l'ensemble des potentiels synaptiques d'excitation et d'inhibition qui interfèrent dans les centres nerveux impliqués. On continue alors d'employer les expressions abstraites, devenues classiques, d'état d'excitation centrale et d'état d'inhibition centrale créées par le grand physiologiste anglais C. S. Scherrington à l'époque où les processus en question n'étaient pas directement accessibles.

— Alfred FESSARD

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Écrit par

  • : professeur honoraire à la faculté des sciences de Paris

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