EXOBIOLOGIE
La vie existe sur Terre, nul n’en doute, même si on ne sait pas vraiment la définir autrement que par opposition à la mort. Il faut donc admettre qu’elle est apparue, sur Terre ou ailleurs dans l’Univers, dans des conditions que l’on suppose et qu’il faut préciser, soumises aux lois physico-chimiques universelles.
Le terme « exobiologie » est né en 1960 pour désigner alors étymologiquement la recherche et l’étude de la vie extraterrestre. Depuis, sa définition a évolué, réunissant désormais tout ce qui a trait à la question de l’origine et à l’évolution de la vie sur Terre et ailleurs dans l’Univers. Tant que l’apparition de la vie sur Terre n’a pas été comprise et tant que l’on ne peut pas déterminer s’il s’agit d’un hasard ou d’un phénomène reproductible sous certaines conditions et dans un environnement précis, il est impossible de se prononcer sur une possible vie ailleurs dans l’Univers, bien que celle-ci soit activement recherchée, jusqu’ici sans succès. Les recherches sur les mécanismes à l’origine de la vie vont donc se dérouler sur Terre, avec la quête de formes fossiles primitives et la chimie des molécules du vivant, et dans l’espace, avec la recherche de manifestations du vivant, molécules et formes. L’exobiologie tente ainsi de répondre à cette fameuse question existentielle : sommes-nous seuls dans l’Univers ?
Un domaine de recherches au carrefour de diverses disciplines
L’exobiologie est par nature interdisciplinaire. Les recherches portent par exemple : en paléontologie, sur les traces de vie sur Terre à partir de l’analyse des plus anciennes roches ; en géochimie, sur les conditions physico-chimiques dans lesquelles se trouvait la Terre primitive il y a 4 milliards d’années au moment probable de l’apparition de la vie ; en chimie, sur le développement des processus ayant précédé l’apparition de la biochimie (liée à la vie) et définissant la chimie dite prébiotique (c’est-à-dire relative aux molécules organiques complexes dont la combinaison va permettre l’émergence des molécules du vivant) ; en biologie, sur l’étude des organismes extrêmophiles qui pourraient se trouver parmi les premières formes de vie ; en astrophysique et planétologie, sur la recherche de vie ailleurs grâce aux missions spatiales, non seulement dans le système solaire mais également sur les exoplanètes et dans l’Univers en général ; et, pour finir, en philosophie et épistémologie sur la définition même de la vie, ses limites et ses implications si celle-ci existe ailleurs.
Ainsi une profonde interaction entre différentes disciplines (physique, chimie, biologie, géologie, biochimie, planétologie, philosophie…) s’avère donc nécessaire pour le développement de l’exobiologie.
Quelques jalons dans l’histoire des origines de la vie
Jusqu’au début du xixe siècle, la théorie de la génération spontanée et l’idée que seul Dieu peut créer les êtres vivants étaient les explications les plus couramment admises pour répondre à la question de l’origine de la vie. Par exemple, l'affirmation qu’un organisme puisse naître spontanément aux dépens de ce qui l’entoure a maintenu pendant longtemps l’idée d’Aristote (env. 385-322 av. J.-C.), décrite dans l’Organon, qui considère que la vie peut apparaître soudainement – par génération spontanée –, ainsi les mites dans la laine, les rats dans la farine et le linge sale... Jean-Baptiste Van Helmont (1579-1644) affirme, dans des ouvrages posthumes publiés par son fils en 1648, qu’il est possible de voir « apparaître » en vingt et un jours des souris dans un bocal rempli de farine de blé, scellé par une chemise sale de femme et disposé au fond de la cave dans le noir. Mais des biologistes italiens comme Francesco Redi (1626-1697) montrent qu’un organisme comme un insecte naît toujours d’un autre organisme.[...]
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Écrit par
- Vassilissa VINOGRADOFF : docteure en astrochimie, chargée de recherche, CNRS, université Aix-Marseille
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