EXOBIOLOGIE
Rechercher la vie ailleurs
Y a-t-il une vie ailleurs dans l’Univers ? Pour répondre à cette question, il faut savoir quoi rechercher. L’un des fondements de l’exobiologie, mais aussi sa faiblesse, c’est la recherche d’une vie biologiquement similaire à la nôtre. Il serait logique que ces atomes soient les mêmes pour d’autres formes de vie dans l’Univers, mais avec une structuration des molécules organiques possiblement différentes de la vie sur Terre.
Malgré une recherche active depuis les premières missions Apollo, l’exploration de nombreuses planètes et quelques retours d’échantillons récoltés in situ (lunaires dès 1969, cométaires dès 2006 et provenant d’astéroïdes dès 2010) n’ont pas encore permis de découvrir des traces de vie évidente dans notre système solaire (hors Terre). La communauté d’exobiologie a donc joint ses connaissances afin de déterminer dans quels environnements il serait envisageable de trouver des signes de vie microscopique. Les recherches en chimie prébiotique apportent, par exemple, des contraintes fondées sur la vie terrestre. La notion de « zone habitable » a été définie pour conceptualiser cet aspect d’environnement propice à la vie. Il a d’abord été proposé qu’un corps planétaire est habitable à partir du moment où celui-ci contient de l’eau sous forme liquide. Dans chaque système planétaire, il va alors être possible de définir une zone habitable où l’eau liquide pourra être présente à la surface des corps planétaires, en fonction de la taille de l’étoile, de la distance du corps planétaire à l’étoile et de la stabilité de son orbite pour rester dans la zone habitable. Depuis les années 2010, la définition de la zone habitable a été revue et considérablement élargie avec la découverte des immenses océans d’eau liquide sous la surface glacée de certains satellites de Jupiter (Europe, Ganymède, Callisto) et de Saturne (Encelade, Titan). La notion d’habitabilité d’un corps planétaire fait désormais référence à un corps qui, en plus de l’eau liquide, contiendrait de la matière organique (C, H, N, O…), de l’énergie (solaire ou thermique, via des activités géologiques) et une certaine stabilité géologique dans le temps pour permettre une vie à sa surface. La recherche de vie ailleurs commence donc par l’identification de ces environnements. La notion d’habitabilité est débattue au sein de la communauté d’exobiologie, car sa définition est liée aux conditions ayant permis l’émergence et l’évolution de la seule vie (terrestre) connue et rien n’indique qu’on cible les bons objets en tenant seulement compte de ces conditions. L’extension de la zone habitable aux environnements en sous-sol est un des exemples de la recherche sur la possibilité, dans le système solaire, de vie dans ces environnements.
Les corps planétaires du système solaire et leur intérêt exobiologique
Mercure, la plus proche planète du Soleil est beaucoup trop chaude et avec trop peu d’atmosphère pour avoir réuni les conditions nécessaires au développement de la vie. Vénus, « sœur jumelle » de la Terre, présente au contraire une chimie organique relativement complexe, avec des molécules soufrées et phosphorées dans une atmosphère extrêmement dense et composée à plus de 96 % de dioxyde de carbone (CO2). Cependant, elle n’est pas située dans la zone considérée comme habitable du système solaire. Ayant bénéficié, comme la Terre, d’apports exogènes après sa formation, il est proposé que Vénus a pu posséder de l’eau liquide à sa surface et une atmosphère riche en eau il y a 4,5 milliards d’années. Mais sa surface n'est désormais que volcanisme actif avec des températures avoisinant les 460 °C (interdisant donc la présence d’eau liquide). Si de la vie s’est développée sur Vénus au moment le plus propice, on peut supposer qu’elle ait subsisté sous forme de microorganismes[...]
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Écrit par
- Vassilissa VINOGRADOFF : docteure en astrochimie, chargée de recherche, CNRS, université Aix-Marseille
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Médias
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