EXPANSION ÉCONOMIQUE
L'expansion peut être définie comme un mouvement monotone croissant en fonction du temps, affectant des séries chronologiques qui sont autant d'indicateurs de l'activité économique. L'expansion doit être distinguée d'un autre type de mouvement monotone, à savoir la croissance. Il existe une parenté évidente entre les deux : l'accroissement de la production courante observé sur une courte période peut provenir soit d'une expansion de caractère monétaire permettant d'utiliser plus complètement une capacité de production donnée, soit d'une augmentation de caractère réel de la capacité de production elle-même.
Si on se place dans une période de temps suffisamment longue, l'expansion de la production courante implique l'accroissement de la capacité de produire. Par ailleurs, les deux processus ont une origine commune ; en effet, les dépenses d'investissement qui permettent l'accroissement à plus ou moins bref délai de la capacité de production ont pour conséquence plus immédiate d'entraîner une expansion des revenus monétaires.
Il convient de réserver le terme d'expansion aux mouvements de caractère monétaire, observés dans le cadre d'une durée relativement brève, par opposition à la croissance.
L'expansion ainsi entendue correspondra souvent à la phase ascendante d'un mouvement cyclique de l'activité économique. Son étude appartient à la théorie des cycles si on considère qu'elle constitue une phase de ce mouvement en tant qu'il mène à un retournement de la conjoncture.
Les développements qui suivent ont pour objet l'analyse du processus d'expansion envisagé dans ses origines et son déroulement. Seront également étudiés les phénomènes dits de « surchauffe » de l'appareil producteur. À l'époque contemporaine, en effet, les processus d'expansion ont tendance à dégénérer en inflation, de telle sorte que l'étude de la surchauffe apparaît comme le prolongement indispensable d'une étude de l'expansion proprement dite.
L'analyse des processus d'expansion doit être abordée à partir de la demande, compte tenu du caractère monétaire des phénomènes étudiés, en supposant provisoirement une élasticité suffisante de l'offre des facteurs de production, de façon que les possibilités de production soient en mesure de répondre aux sollicitations de la demande, et cela en élargissant les flux réels.
Cette insistance mise sur la demande découle des enseignements de l'école keynésienne qui, pour expliquer l'expansion, se réfère moins à la masse monétaire qu'à l'accroissement de certaines catégories de dépenses productives et qui, pour cela, sera qualifiée de théorie « réelle ». En revanche, de nos jours, l'école de pensée néo-classique soutient une conception quantitativiste qui met l'accent sur la masse de monnaie et, à cet égard, le terme « monétaire » lui convient particulièrement.
Les théories « réelles » d'inspiration keynésienne
Origine de l'expansion
Dans les théories expliquant l'expansion à partir de facteurs réels, par opposition aux facteurs purement monétaires, les phénomènes dits du multiplicateur jouent un rôle central. Ils peuvent être analysés en partant d'une situation d'équilibre entre la demande effective et l'offre globale telle qu'elle existe à la fin d'une période de relative dépression ou de stabilisation conjoncturelle, ce qui permet de supposer une élasticité suffisante de la production.
La relance de l'activité économique sera provoquée par l'accroissement des dépenses dont la contrepartie est le produit final, dans la mesure où ces dépenses auront un caractère autonome. Dans une version simplifiée du multiplicateur, on peut ne retenir que deux types de dépenses, celles d' investissement,[...]
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Écrit par
- Bernard DUCROS : professeur à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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