EXPANSION, linguistique

Le terme expansion est employé en linguistique avec trois sens différents.

D'une façon très générale et peu formalisée, il désigne le résultat de l'adjonction d'un terme (ou de plusieurs termes) à un syntagme quelconque. On dira par exemple que le président de la République française est une expansion de le président, ou que le grand méchant loup est une expansion de le loup. Dès lors qu'une structure grammaticale comporte des éléments rajoutés à un terme central, elle peut être considérée comme une expansion de ce dernier.

Dans une analyse plus précise (l'analyse en constituants immédiats, inaugurée par le structuralisme américain), l'expansion désigne l'ensemble des syntagmes qui peuvent se substituer à un syntagme donné (ou à une unité donnée) dans un contexte précis, c'est-à-dire l'ensemble des syntagmes qui ont la même distribution, le syntagme (ou l'unité) de départ étant baptisé modèle. On dira ainsi que le train de six heures, l'orage, le grand méchant loup sont des expansions de il dans il arrive, puisqu'ils peuvent se substituer à lui : le train de six heures arrive, l'orage arrive, le grand méchant loup arrive. Et, à l'inverse, il est ici le modèle de ces trois expansions.

Pour André Martinet, l'expansion est un élément ou un syntagme que l'on peut ajouter ou retrancher à un énoncé sans modifier les rapports mutuels et la fonction des éléments qui s'y trouvaient déjà. Ainsi, dans l'énoncé le train de six heures arrive, on considérera de six heures comme une expansion de train (on peut l'enlever : le train arrive). De même, si nous considérons la phrase il regarde, nous pouvons dire que la maison en est une expansion (il regarde la maison) et, par rapport à cette dernière phrase, nous pouvons encore dire que de ma grand-mère en est une expansion (il regarde la maison de ma grand-mère). Dans cette conception, on voit que les principaux procédés d'expansion sont la complémentation, la coordination (il mange, il mange et il boit) et la subordination.

— Louis-Jean CALVET