DARDANELLES EXPÉDITION DES (mars-déc. 1915)
Afin de rouvrir, par le Bosphore et la mer Noire, des communications faciles avec la Russie, les Britanniques (sous l'impulsion de Winston Churchill) ont imaginé, dès la fin de 1914, de porter un coup décisif à Constantinople. Il leur faut d'abord forcer le détroit des Dardanelles par une opération navale à laquelle la France accepte de participer. Malheureusement cette opération, décidée en janvier 1915 et à laquelle la surprise aurait peut-être valu le succès, ne s'effectue que le 18 mars après une longue période de bombardements et de dragage de mines. Elle échoue avec de lourdes pertes : sur onze cuirassés alliés engagés, trois sont coulés (dont le Bouvet) et quatre gravement endommagés (dont le Suffren et le Gaulois).
Les Alliés décident alors de reprendre l'opération sous forme terrestre à la faveur d'une diversion française à Koum-Kalé, sur la rive asiatique ; le corps expéditionnaire du général Hamilton (dix divisions britanniques et deux françaises) débarque le 25 avril à Sabd ul-Bahr, au sud de la presqu'île de Gallipoli. Mais la Ve armée turque, commandée par le général allemand Liman von Sanders, l'immobilise dès le 28 avril devant les hauteurs de Krithia, Atchi-Baba et Sari-Baïr. À quatre reprises (6 mai ; 18 juin ; 12 juillet ; 12 août) les Alliés tentent vainement d'élargir leur tête de pont. Les opérations sont bloquées lorsque les Bulgares entrent dans la guerre et menacent la Serbie.
Le gouvernement français comprend que l'intérêt stratégique des Alliés n'est plus dans les Dardanelles et finit par imposer ses vues aux Britanniques. Avant la fin de 1915, la totalité des forces françaises et une partie des forces britanniques auront été transportées à Salonique pour y former l'armée d'Orient. Il faudra attendre les victoires de Franchet d'Espérey (1918) pour que, dans cette région, les Alliés retrouvent le prestige que leur a fait perdre l'expédition des Dardanelles.
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Écrit par
- Pierre GOBERT : ancien élève de l'École polytechnique, général
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Média
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