EXPERIMENTA MAGDEBURGICA DE VACUO SPATIO (O. von Guericke)
En 1672 paraît à Amsterdam un ouvrage de 250 pages intitulé Experimenta nova (ut vocantur) Magdeburgica de vacuospatio(Expériences nouvelles dites de Magdebourg sur l’espace vide). L’auteur, Otto von Guericke (1602-1686), est un physicien, ingénieur et homme politique allemand, considéré comme l’inventeur de la première machine électrostatique et connu pour l’expérience dite des « hémisphères de Magdebourg ». Cette dernière est réalisée en 1654 à Ratisbonne (en Bavière) à l’aide d‘une pompe pneumatique (pompe à vide) de sa conception pour montrer les effets de la pression atmosphérique.
Une première description de ces expériences sur la pression atmosphérique est publiée dès 1657 en appendice à un ouvrage du père jésuite Gaspar Schott (1602-1680), professeur de mathématiques à l’université de Wurtzbourg, intitulé Mechanicahydraulico-pneumatica. La pompe pneumatique de Guericke qui y est décrite intéressera notamment Robert Boyle (1627-1691), qui reproduira les expériences et perfectionnera la machine.
Dans l’ouvrage de 1672, écrit en latin, Guericke expose sa vision métaphysique du monde, et notamment celle du vide et de l’infini. Au long des sept livres qui composent le traité, le physicien, copernicien convaincu, tente d’expliquer la constitution de l’Univers par la résolution du problème de l’espace interplanétaire, d’où ses expériences sur le « vide ».
Dans les deux premiers livres, Guericke expose les systèmes astronomiques de Claude Ptolémée (iie siècle apr. J.-C.), Nicolas Copernic (1473-1543) et Tycho Brahe (1546-1601), et disserte sur les concepts de vide, d’espace et d’infini. Les troisième et quatrième livres sont consacrés à la description circonstanciée, concise et illustrée de ses propres expériences sur le vide, la pression atmosphérique, les forces d’attraction des planètes, et des appareils qu’il a mis au point. La trentaine d’expériences qu’il relate ont pour finalité de reproduire les phénomènes naturels. En particulier, il décrit la machine qu’il a construite dans le but de mettre en évidence les forces d’attraction et de répulsion du globe terrestre. Constituée d’une boule de soufre mise en rotation et frottée avec la main, elle attire ou repousse des corps légers, comme des plumes ou des fragments de tissus. Guericke met ainsi au point la première machine électrostatique, sans pour autant en imaginer la portée future. Dans les trois derniers livres, il expose sa vision du système Terre-Lune, du système des planètes dans son ensemble et des étoiles fixes.
Même s’il fut publié tardivement – l’auteur avait alors soixante-dix ans –, l’ouvrage de Guericke a connu une grande notoriété et ses planches gravées ont été largement reproduites par la suite. Situé au carrefour des travaux des plus grands savants de son époque, ce traité nous restitue un état des réflexions en matière de cosmologie et de physique en plein cœur de la révolution scientifique du xviie siècle.
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Écrit par
- Bruno JACOMY : conservateur en chef honoraire du patrimoine
Classification
Média