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EXPLORATIONS

Les motivations économiques

Les motifs économiques sont sous-jacents dans les toutes premières découvertes. L'exploration de la côte africaine commencée sous l'impulsion du prosélytisme religieux se soutient très vite par l'intérêt commercial. Le profit matériel n'est plus seulement le « revenant-bon » de la croisade. Il lui est consubstantiel. L'accès direct aux sources d'approvisionnement des épices et de la soie est au centre des entreprises portugaises. Le « Testament » d'Isabelle la Catholique, toujours évoqué par les colonialistes et « africanistes espagnols » jusqu'au xixe siècle comme fondant un devoir sacré et désintéressé d'expansion, n'est pas sans ambiguïté ni référents économiques. Il stipule l'adjonction des Canaries, source de puissance et de richesse, au royaume de Castille et de León ; il attribue aussi aux Rois Catholiques « la moitié des rentes qui peuvent provenir des Indes » (art. 19).

La Renaissance s'accompagne d'une insatiable curiosité universelle, d'un immense appétit de vivre, d'un désir de jouissance, et de la recherche des moyens de les satisfaire. Offrir de nouvelles terres à Dieu, c'est aussi trouver de nouvelles richesses pour les hommes. Les motifs économiques priment avec la découverte de l'ampleur des ressources exotiques, avec l'entrée en force de l'Angleterre et de la Hollande dans les explorations et l'exploitation des nouveaux mondes.

Le monde arabo-musulman est progressivement marginalisé, les Européens de plus en plus contournent l'islam méditerranéen, relativisé pour deux siècles, moins sans doute qu'il n'a été dit. Les nouveaux courants s'ajoutent aux anciens plus qu'ils ne s'y substituent. On le constate notamment à propos des routes de la soie. Mais les foyers de l'initiative tendent à se déplacer de la péninsule Ibérique vers les grands ports du Nord-Ouest européen. Leur montée en puissance fait de leur dynamisme marchand le moteur essentiel des explorations et des exploitations du monde, en liaison, non seulement chronologique, avec la poussée et la force du protestantisme et (sans en exagérer la portée) de son éthique.

L'ensemble de ces événements, ramassés sur quelques décennies, produit une nouvelle vague de grands voyages et d'explorations, dans laquelle la primauté revient désormais, sans conteste, à l'économique.

Le Portugal des grandes découvertes était loin, selon les mesures de l'époque, d'être un pays d'économie élémentaire. Il avait développé une activité monétaire dynamique, avec une bourgeoisie active, collaborant avec les marchands génois décidés à battre en brèche le monopole de Venise dans le commerce des produits exotiques. Les étrangers accompagnent et suivent le succès. Avec le retour de Vasco de Gama, « la bataille du poivre était gagnée ».

La route des épices

Ainsi s'ouvre le nouveau cycle des épices. Lisbonne supplante Venise. Le négoce nourrit le négoce et, s'il soutient les entreprises portugaises, il enrichit Anvers avant que celle-ci ne cède la place à Amsterdam (à partir de 1585). Au centre des affaires se trouvent les produits de cueillette, avec le relais marchand hollandais, le soutien maritime de Gênes, dans sa phase de forte prospérité, le court siglo de los Genoveses (1557-1627) dont Cadix porte encore la trace (el parque genovese).

L'importation depuis la source ibérique (portugaise, puis espagnole) se compense de l'exportation de produits manufacturés ; c'est la grande noria qu'il faut constamment, puissamment alimenter : celle des produits tropicaux – épices – contre des objets fabriqués, qui devient celle de l'argent contre des produits manufacturés. Ainsi s'ouvre le second cycle, celui du métal précieux.

Amsterdam ne se[...]

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Amundsen au pôle Sud - crédits : Illustrated London News/ Hulton Archive/ Getty Images

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