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PIPER ALPHA EXPLOSION DE

Le 6 juillet 1988, au large de l'Écosse, sur le champ pétrolier et gazier de Piper, la plate-forme Piper Alpha, de la multinationale Occidental Petroleum Corporation, sombrait sous le coup de plusieurs explosions et de violents incendies. Uniquement pétrolière à sa mise en service en 1976, la plate-forme servait principalement à la production de gaz depuis 1980. Ce matin du 6 juillet, la catastrophe commença par une simple fuite de gaz sans gravité et pourtant, le lendemain, sur les 231 personnes présentes sur la plate-forme, seules à 190 kilomètres des côtes, on comptera 167 victimes.

Si l'amorce de l'accident est un incident technique banal, c'est surtout une erreur de communication qui est à l'origine du désastre. Elle est suivie d'une série d'événements dus principalement à des dispositifs de sécurité non adaptés à une modification partielle d'activité de la plate-forme, de la production de pétrole à celle de gaz. Un nouveau pipeline de gaz avait été posé quelques semaines avant le 6 juillet, jour où on y relève une petite fuite de gaz. Ce matin-là, la valve d'un des deux compresseurs qui compriment le gaz pour le transport vers la côte a été enlevée pour révision. Le tube de pression a été temporairement obturé avec une plaque de scellement. L'ingénieur de service a rempli un formulaire disant que ce compresseur ne devait en aucun cas être mis en marche, mais il a omis d'informer le technicien de service de l'état du compresseur. En cas d'incendie, des pompes devaient automatiquement se mettre en marche et pomper de l'eau de mer pour éteindre d'éventuels incendies. Cependant, les procédures de Piper Alpha prescrivaient de mettre ces pompes en mode manuel à chaque fois que les plongeurs étaient dans l'eau, ce qui était le cas pour les opérations de colmatage sur le pipeline. Par malchance, le second compresseur s'est arrêté dans la soirée et n'a pas pu être remis en service, privant d'alimentation en énergie toute l'installation. Personne n'ayant remarqué l'absence de la valve ni pris connaissance du formulaire rempli par l'ingénieur, le premier compresseur fut remis en route : la surpression causée par l'arrivée du gaz a fait sauter la plaque de scellement. Le gaz s'est échappé, a pris feu et produit une première explosion. Puisque la plate-forme avait été conçue pour le pétrole, les pare-feux n'étaient pas adaptés pour résister à une explosion de gaz. Le feu s'est étendu, y compris dans la salle de commandes d'où pouvaient partir d'éventuels ordres d'évacuation bien spécifiques. Le personnel, qui n'a pu accéder aux canots de sauvetage à cause du feu, s'est rassemblé sous l'héliport et a attendu les secours. Le vent, le feu et la fumée ont empêché l'atterrissage des hélicoptères.

Tout de suite, la production des puits reliés à la plate-forme avait été stoppée, mais pas sur les sites de Tartan et de Claymore qu'un réseau de pipelines reliait à Piper pour l'acheminement à la côte de leurs propres productions. Malgré l'alerte donnée dès l'explosion, les exploitants de ces champs n'ont pas été autorisés à suspendre l'activité, en raison du coût très important qu'aurait entraîné un tel arrêt. Ils ont ainsi continué à pomper, alimentant en pétrole le brasier de Piper Alpha, et en gaz des conduites qui passaient à proximité de la plate-forme en flammes. Sous la chaleur, l'un des gazoducs de Tartan a fondu et explosé. Trois tonnes de gaz par seconde ont alors été éjectées, formant une colonne de feu de plus de 200 mètres de hauteur. Le Tharos, un grand navire de lutte contre les incendies et de secours, s'est approché de Piper Alpha. La seconde ligne de gaz a alors éclaté. Après cette[...]

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Écrit par

  • : docteur en sciences de la Terre, concepteur de la collection La Science au présent à la demande et sous la direction d'Encyclopædia Universalis, rédacteur en chef de 1997 à 2015

Classification

Autres références

  • CATASTROPHES INDUSTRIELLES - (repères chronologiques)

    • Écrit par
    • 2 485 mots

    1794 Explosion, le 1er septembre, de la poudrerie de Grenelle à Paris, faisant près de 1 000 morts. La prise de conscience des risques technologiques entraînée par cette catastrophe passe pour être à l'origine de la réglementation française marquée par le décret impérial de 1810 sur les établissements...