EXPONENTIELLE & LOGARITHME
Extension du domaine complexe et trigonométrie
Nous commencerons par le cas de la fonction exponentielle, le plus simple car le développement en série entière (14) converge encore pour tout x complexe, et cela suggère d'étendre cette fonction au domaine complexe en la définissant, dans ce cas, comme somme de la série correspondante.
L'exponentielle complexe
La série :
est absolument convergente pour tout nombre complexe z. Pour z réel, la somme est ez. Pour z ∈ C, nous noterons encore exp z ou ez la somme de cette série. D'après la règle de multiplication des séries absolument convergentes, on a, pour a, b ∈ C,ainsi, on a l'importante formule d'addition :Puisque 1 = e0 = ez e−z pour tout z ∈ C, on a toujours ez ≠ 0 et, ainsi, la formule d'addition exprime que l'exponentielle complexe définit un homomorphisme du groupe additif C de tous les nombres complexes dans le groupe multiplicatif C* des nombres complexes non nuls.
En outre, pour tout a ∈ C, on a :
Enfin, par dérivation terme à terme de la série correspondante, on voit que, pour tout nombre complexe a, la fonction de variable réelle
satisfait à la relation ϕa(t) = aϕa(t). Plus précisément ϕa est l'unique solution sur R du problème de Cauchy : y′ = ay, y(0) = 1.Fonctions circulaires
Soit z = x + iy un nombre complexe, on a :
la fonction exponentielle e ↦ ex ayant été étudiée, nous allons examiner maintenant la fonction y ↦ eiy.Pour t réel, on appelle respectivement cosinus et sinus de t les parties réelle et imaginaire de eit, soit, par définition,
il en résulte immédiatement les « formules d' Euler » :D'après ce qui précède, l'application ϕ : t ↦ exp it est un homomorphisme du groupe additif R dans le groupe multiplicatif U des nombres complexes de module 1 et ϕ′(t) = iϕ(t). L'étude de ce morphisme constitue ce qu'on appelle traditionnellement la trigonométrie.
La relation |eit| = 1 signifie que :
qui est la relation fondamentale de la trigonométrie.Par ailleurs, la propriété fonctionnelle :
donne, en séparant parties réelle et imaginaire, les formules d'addition de la trigonométrie :Remplaçant eit et e−it dans les formules d'Euler par leurs développements en série déduits de (22), on obtient les développements en séries entières, valables pour tout nombre réel t, des fonctions trigonométriques :
ainsi les fonctions sinus et cosinus sont indéfiniment dérivables. Par dérivation des formules d'Euler, ou des développements en série qui précèdent, on a :Le nombre π
Pour t = 2, on a :
puisque la fonction cosinus est continue et égale à 1 pour t = 0, il existe un plus petit nombre réel τ > 0 tel que cos τ = 0. Nous désignerons par la lettre grecque π, notation traditionnelle depuis Euler, le nombre π = 2 τ. Ce nombre π, dont la transcendance a été établie par F. Lindemann en 1882, est égal à la moitié de la longueur du cercle de rayon 1. Une valeur approchée à 10−20 près (cf. algorithmique, calcul numérique) est :Ainsi, par définition de π, on a cos t > 0 dans l'intervalle ]0, π/2[, ce qui entraîne, d'après (30), que la fonction sinus est strictement croissante dans l'intervalle [0, π/2]. Puisque sin 0 = 0, cette fonction est donc strictement positive dans l'intervalle ]0, π/2], ce qui entraîne toujours d'après (30), que le cosinus est strictement décroissant dans cet intervalle. On peut alors constituer, entre 0 et π/2, le tableau de variation des fonctions circulaires.
Pour t = π/2, la relation (27) entraîne que le sinus est, en valeur absolue, égal à 1 ; par suite puisque ce nombre est positif sin π/2 = 1. Ainsi :
d'où, en utilisant la formule d'addition,Pour tout nombre complexe z, on a donc :[...]
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Écrit par
- Jean-Luc VERLEY : maître de conférences honoraire à l'université de Paris-VII
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