EXPOSITIONS UNIVERSELLES
Dans son Dictionnaire des idées reçues, Gustave Flaubert qualifie les expositions de « sujet de délire du xixe siècle », pointant ainsi un engouement pour ces manifestations qui ne s’est pas démenti par la suite. Nationales ou internationales, limitées aux seuls produits de l’industrie avant 1850, puis « universelles » ou thématiques, elles ont évolué au fil du temps, adoptant des formes et des caractéristiques variées, et constituent un phénomène majeur de l’histoire économique, industrielle, politique, sociale et culturelle de l’époque contemporaine. Par leur faste et leur caractère hétéroclite, voire leur extravagance, elles ont aussi rencontré un énorme succès populaire. Ainsi, à Paris, on compte 11 à 15 millions de visiteurs pour l’Exposition universelle de 1867, 32 millions pour celle de 1889, presque 51 millions en 1900. Elles ont fortement impressionné l’imaginaire collectif et marqué l’histoire du monde occidental et de nombreux pays « périphériques », au point qu’aujourd’hui encore parler d’« exposition universelle » ne laisse personne indifférent. Rappelons à cet égard que la France est candidate à l’organisation de l’exposition universelle prévue en 2025.
Les expositions internationales apparues en Occident au milieu du xixe siècle s’inscrivent dans une histoire plus ancienne. Sans remonter aux foires de Champagne, il faut évoquer les expositions industrielles instaurées à Paris sous le Directoire, dès 1798, par le ministre de l’Intérieur François de Neufchâteau pour relancer et protéger l’industrie française après les événements révolutionnaires et susciter une émulation entre fabricants et négociants. Strictement nationales, celles-ci ne concernent que les produits de l’industrie et se poursuivent régulièrement à Paris jusqu’en 1849. Parallèlement, des expositions de même nature sont organisées en Angleterre.
Sous le signe de la révolution industrielle
Les expositions sont étroitement liées à la révolution industrielle qui, par le développement de la mécanisation, du chemin de fer et de la navigation à vapeur, favorise la production à grande échelle et la distribution sur tous les continents de produits conçus pour satisfaire les besoins du plus grand nombre. Elles deviennent « internationales » pour la première fois à Londres, en 1851 (The Great Exhibition of All Nations au Crystal Palace), puis « universelles » à partir de l’exposition de 1855, à Paris, en ouvrant leur programme aux productions intellectuelles, particulièrement aux beaux-arts. Dès lors, elles vont se succéder à un rythme accéléré. Ainsi, Paris, qui a toujours développé un rapport privilégié avec ce type de manifestation, accueille cinq expositions universelles entre 1855 et 1900 (en 1855, 1867, 1878, 1889 et 1900) et recevra de nouveau les expositions internationales thématiques de 1925 (« arts décoratifs et industriels »), 1931 (« exposition coloniale ») et 1937 (« arts et techniques dans la vie moderne »). Dans le même temps, des expositions internationales comparables par leur ampleur et leur faste ont lieu dans d’autres villes européennes : Londres en 1862 et 1870-1874, Vienne en 1873, Barcelone en 1888 et 1929, Bruxelles en 1897 et 1910, Liège en 1905, Milan en 1906, Gand en 1913, etc. ; et sur d’autres continents : aux États-Unis (Philadelphie en 1876, Chicago en 1893 et 1933, Saint-Louis en 1904, San Francisco en 1915), mais aussi en Australie (Melbourne en 1880) et en Argentine (Buenos Aires en 1910).
Ce phénomène de répétition s’amplifie à tel point qu’après la Première Guerre mondiale il faut prendre des mesures pour les encadrer plus strictement ; pour les « moraliser » est conclue la Convention de Paris en 1928 et mise en place une institution intergouvernementale, active dès 1931 : le Bureau international des expositions (BIE), qui contrôle désormais l’organisation[...]
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Écrit par
- Christiane DEMEULENAERE-DOUYÈRE : conservatrice générale honoraire du Patrimoine
Classification
Médias
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