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EXPOSITIONS UNIVERSELLES

Face à la guerre

Dans l’esprit de leurs créateurs, au milieu du xixe siècle, les expositions internationales devaient contribuer à établir durablement la concorde entre les peuples en leur proposant un idéal de progrès et de prospérité partagés. Il reste que, si ces manifestations constituent des lieux de rencontres et d’échanges culturels pacifiques, elles sont aussi le théâtre de confrontations plus ou moins implicites. Loin d’être des enceintes neutres, préservées, étrangères aux événements politiques, diplomatiques ou militaires de leur temps, elles se trouvent étroitement imbriquées dans le jeu des relations entre les nations, tout comme elles diffusent la propagande des États en faveur de la colonisation. Le siècle où elles atteignent leur développement le plus brillant (1850-1937) connaît aussi des tensions multiples, des crises internationales lourdes de conséquences, des conflits armés, la mise en œuvre d’une colonisation plus intensive… L’interaction est inévitable. Les expositions universelles reflètent l’état des relations internationales tout autant qu’elles participent intimement à leur construction.

« J’ouvre avec bonheur ce temple de la paix qui convie tous les peuples à la concorde. » Les mots que prononce Napoléon III dans son discours d’ouverture de l’Exposition universelle de 1855 reflètent bien peu la réalité de l’Europe d’alors, dont plusieurs puissances se combattent en Crimée. On connaît aussi la spécificité des relations entre la France et l’Allemagne à partir de l’Exposition universelle de 1878 : mise en scène de la puissance sidérurgique allemande d’une part, valorisation des savoir-faire et du goût français de l’autre. Les nationalismes s’exacerbent.

Quant à l’Exposition internationale urbaine de Lyon, ouverte le 1er mai 1914 pour promouvoir la politique municipale d’Édouard Herriot, elle est rattrapée, « frappée en plein cœur » dira un journaliste lyonnais, par la Grande Guerre en août 1914. À la suite de la déclaration de guerre, les pavillons de l’Allemagne et de l’Autriche doivent fermer leurs portes et les exposants des nations désormais ennemies faire leurs bagages au plus vite, sous peine d’être retenus comme prisonniers de guerre. Quant au public, qui a désormais d’autres soucis, il se désintéresse de l’exposition qui se solde par un échec financier.

L’Exposition internationale des arts et des techniques dans la vie moderne de 1937 est particulièrement placée sous les auspices d’une union harmonieuse entre « le Beau et l’Utile » et se donne pour mission de promouvoir la paix. Pourtant, à plus d’un titre, elle annonce, voire devance le second conflit mondial. Dans le pavillon de la République espagnole, trois œuvres majeures du xxe siècle font directement référence à la guerre civile qui déchire l’Espagne : Le Faucheur de Joan Miró, hommage à la révolte du peuple catalan, La Fontaine de mercure d’Alexander Calder, dédiée aux mineurs d’Almaden, et Guernica de Pablo Picasso. À quelques pas, non loin du pavillon de la Paix, se font face les pavillons nazi et soviétique, l’un orné d’un aigle monumental, l’autre du groupe sculpté L’Ouvrier et la Kolkhozienne, qui semblent préfigurer l’affrontement à venir.

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<em>Crystal Palace</em>, lithographie de George Baxter - crédits : Library of Congress, Washington, D.C.

Crystal Palace, lithographie de George Baxter

Canon conçu et fabriqué par la société Krupp - crédits : DeAgostini/ Getty Images

Canon conçu et fabriqué par la société Krupp

Exposition universelle de Paris, 1867 - crédits : Universal History Archive/ Universal Images Group/ Getty Images

Exposition universelle de Paris, 1867

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