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EXTINCTIONS BIOLOGIQUES

La grande crise de la limite Permien-Trias

On s'accorde aujourd'hui à considérer que la plus sévère des grandes extinctions fut celle de la limite Permien-Trias, il y a environ 250 millions d'années, qui aurait anéanti près de 95 p. 100 des espèces vivantes. Parmi les animaux marins qui disparurent alors figurent des groupes qui avaient été très abondants au Paléozoïque, comme les trilobites (arthropodes marins). Les organismes constructeurs de récifs furent aussi très affectés avec l'extermination de plusieurs types de coraux. Certains groupes échappèrent de justesse à l'extinction grâce à la survie d'un petit nombre d'espèces : c'est le cas, notamment, des échinodermes et des ammonoïdes. Parmi les organismes unicellulaires, les foraminifères furent fortement touchés. Sur les continents, 60 p. 100 des familles de tétrapodes terrestres semblent avoir disparu. La diversité des reptiles chuta fortement, avec, par exemple, la disparition de tous les grands herbivores. Les écosystèmes du début du Trias paraissent très appauvris par rapport à ceux de la fin du Permien. Il faudra un certain temps pour que se reconstitue la biodiversité, avec des faunes et des flores bien différentes de celles du Paléozoïque.

Pour expliquer cette crise marquant la frontière entre le Paléozoïque et le Mésozoïque, on a fait appel à la paléogéographie : les continents constituaient à cette époque un bloc unique, la Pangée, ce qui aurait donné lieu à des climats au caractère continental très marqué, cause éventuelle d'extinctions. La très forte baisse du niveau des mers caractérisant cette période pourrait aussi, selon certains auteurs, être un facteur plausible de la disparition d'espèces. Enfin, à cette période, de vastes épanchements basaltiques se produisirent en Sibérie, ce qui expliquerait, pour les tenants de la thèse du volcanisme, cette extinction en masse. Le paléontologue américain Douglas Erwin a proposé, dans les années 1990, un scénario combinant plusieurs facteurs : une régression marine, puis une perturbation du climat due au volcanisme et, enfin, une remontée du niveau des mers inondant les plateaux continentaux d'eaux pauvres en oxygène. Cependant, des études stratigraphiques très précises menées dans les Alpes suggèrent que les extinctions de la limite Permien-Trias eurent lieu sur une durée ne dépassant pas 10 000 ans, ce qui est géologiquement très court et peu compatible avec l'hypothèse d'une succession de phénomènes étalés dans le temps.

Aucun indice vraiment convaincant d'un impact météoritique important n'avait encore été signalé à la limite Permien-Trias. Mais, en 2004, une équipe de chercheurs américains et australiens, dirigée par Luann Becker, a annoncé la découverte, sur la marge continentale du nord-ouest de l'Australie, de ce qui pourrait être un grand cratère d'impact datant de 250 millions d'années. Cette structure géologique sous-marine, nommée Bedout, qui pourrait avoir un diamètre d'environ 200 kilomètres, contient des roches broyées et fondues dont l'existence est compatible avec les effets d'un impact. Elle pourrait être la source de marqueurs d'impact météoritique relevés à la limite Permien-Trias (quartz choqués, sphérules...), principalement dans l'hémisphère Sud (Australie, Antarctique...). Si ce cratère existe bien et est de taille similaire à celui de Chixculub, il faudra alors envisager pour l'extinction en masse de cette époque une hypothèse semblable à celle qui a été esquissée pour la limite Crétacé-Tertiaire. Les données publiées, d'un très grand intérêt, demandent toutefois à être confirmées. Des précisions et des observations complémentaires doivent être apportées, notamment concernant la simultanéité de l'impact avec la disparition d'espèces.[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS
  • : docteur en sciences de l'environnement, historienne des sciences et de l'environnement, chercheuse associée au laboratoire SPHERE, CNRS, UMR 7219, université de Paris-VII-Denis-Diderot

Classification

Médias

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