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ÉZÉCHIEL (env. 627-env. 570 av. J.-C.)

L'un des plus grands prophètes d'Israël, Ézéchiel a donné son nom à l'un des livres de l'Ancien Testament, livre qui rapporte son témoignage et son message, et dont il fut certainement en partie l'auteur. Il exerça son ministère à Jérusalem et à Babylone pendant les trois premières décennies du vie siècle avant J.-C., à l'époque où le petit royaume de Juda fut successivement soumis puis éliminé par l'expansion du nouvel empire babylonien conduit par Nabuchodonosor (605-562). Jérusalem se rendit aux forces babyloniennes en 597. Après un sursaut de résistance, la ville fut détruite en 587-586, à la suite d'un siège prolongé. Après les deux défaites, et surtout en 582, la plupart des survivants furent déportés à Babylone. Avant la première reddition de Jérusalem, Ézéchiel était sans doute attaché, en tant que prêtre, au Temple de Jérusalem. Déporté dès 597, il habita, avec sa femme, à Tell-Abib sur le canal Kebar (près de Nippur) : il est clair qu'il jouissait parmi ses compatriotes d'un prestige tout à fait particulier.

Le prophète et son message

le Livre d'Ézéchiel s'ouvre sur une énigme encore sans solution : « Le cinquième jour du quatrième mois de la trentième année, alors que j'étais en exil près de la rivière Kebar, les cieux s'ouvrirent et j'eus une vision de Dieu. » À quoi ou à qui s'applique la référence à la trentième année reste mystérieux. Mais, dans le verset suivant, la vision qui ouvre le ministère d'Ézéchiel est datée sans ambiguïté de « la cinquième année de l'exil du roi Jehoiachin », soit environ de 592. Ses dernières déclarations datables « dans la vingt-septième année » remonteraient ainsi à 570 environ, vingt-deux années plus tard.

Sur bien des points, les exégètes du Livre d'Ézéchiel ne parviennent pas à se mettre d'accord. À plusieurs reprises, le prophète s'adresse à ceux qui sont restés dans le royaume de Juda ou à Jérusalem : certains historiens en ont conclu que l'établissement à Babylone n'était qu'une fiction postérieure, et qu'Ézéchiel avait exercé l'ensemble de son ministère à Jérusalem. Cette interprétation est peu défendue. La personnalité du prophète offre plus de prétextes à des interprétations opposées. Certains l'ont vu sous un éclairage violemment défavorable, dur, insensible, presque inhumain ; un fanatique et, comme tout fanatique, arrogant et violemment intolérant ; et même un névropathe (plus que tout autre prophète, il a des visions étranges, des agissements insolites). D'autres ont davantage été sensibles au génie de cet esprit très ouvert, vaste et ferme, conscient des problèmes et des doutes du peuple auquel il s'adresse, sensible à tous les aspects de la vie autour de lui. Il a consacré tout son esprit, tout son cœur, toute son imagination à son ministère, et une chose est sûre : c'est lui qui a profondément modelé le judaïsme, dont la réforme dans les années suivantes fut spécialement inspirée par la partie de ses prophéties (xl-xlviii) consacrée à la reconstitution et à la réorganisation de Juda après les années d'exil.

Excepté peut-être la conclusion, les exégètes s'accordent à croire que le livre qui porte son nom est dû au prophète lui-même. Les vingt-quatre premiers chapitres furent écrits immédiatement avant la destruction de Jérusalem et portent un message de violence et de destruction. Les chapitres xxxiii à xxxv font le lien entre le message et l'espoir lié à l'assurance de restauration exprimé dans les chapitres xxxvi à xxxix : le chapitre xxxvii est consacré à la vision fantastique de la vallée des ossements représentant le peuple d'Israël moribond puis ressuscitant.

Plus que tout autre prophète de l'Ancien Testament, [...]

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