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FACES, film de John Cassavetes

Lorsque sort Faces, John Cassavetes (1929-1989) est plus connu en tant qu'acteur que comme cinéaste. La série télévisée « Johnny Staccato » (1959-1960), ses rôles de méchant dans À bout portant (The Killers, 1964, de Donald Siegel) et Les Douze Salopards (The Dirty Dozen, 1967, de Robert Aldrich), son rôle diabolique dans Rosemary's Baby (Roman Polanski, 1968) ont marqué les esprits. C'est fort de ces succès, mais pour revenir à sa vocation première, qu'il reprend, après de décevantes tentatives – La Ballade des sans-espoir (Too Late Blues, 1961) et Un enfant attend (A Child Is Waiting, 1963) –, la formule qui avait si bien réussi à Shadows (1959) dix ans auparavant : une production ultralégère (quelques dizaines de milliers de dollars), avec les mêmes amis, Maurice McEndree et Seymour Cassel, et des acteurs qui sont tous des proches, à commencer par son épouse Gena Rowlands.

La première eut lieu à Paris, à la Cinémathèque, sans sous-titres. Le public fut à la fois sidéré et dérouté, et la critique ne sut comment traiter ce météore. Malgré ce succès mitigé, Cassavetes avait trouvé son style et sa voie. Son film suivant, Husbands (1970), sera l'épitomé de ces bandes de garçons prolongés qu'il avait esquissées deux ans auparavant ; quant à Gena Rowlands, il lui offrira quelques rôles-titres magnifiques, d'Une femme sous influence (A Woman Under the Influence, 1974) à Gloria (1980).

Être, ou ne pas être, marié

Un bref prologue nous montre l'équipe de production sur le point de visionner le film. L'action commence in medias res : deux quinquagénaires, Richard et Freddie, raccompagnent chez elle une jeune femme de trente ans, Jeannie, qu'ils viennent de rencontrer au Losers' Club. Après un long moment passé à s'amuser de manière assez adolescente, ils la quittent. Rentré chez lui, Richard, au terme d'une soirée conjugale tendre mais tendue, annonce à sa femme qu'il veut divorcer. Il repart, à la recherche de Jeannie ; elle n'est pas à leur rendez-vous, au Losers' Club, mais il la retrouve chez elle, en compagnie d'une autre jeune femme et de deux hommes. Tandis que Richard réussit finalement à passer la nuit avec Jeannie, son épouse est allée, elle aussi, au Club, avec d'autres housewives ; elle y rencontre Chet, un trentenaire plein d'énergie et de charme. Après une fin de soirée chez elle, ses amies parties, elle couche avec le jeune homme. Au matin, elle tente de se suicider en avalant des somnifères ; Chet la sauve, mais s'enfuit comme un malfaiteur lorsque Richard, dégrisé, revient. Les deux époux confrontent en silence leurs escapades, constatant avec désabusement qu'ils sont toujours mariés.

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle, directeur d'études, École des hautes études en sciences sociales

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