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FAÏENCE

Le monde islamique : Moyen-Orient et Espagne

Frise des Archers - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Frise des Archers

On s'accorde en général à attribuer aux Babyloniens l'invention d'un enduit opacifié par l'oxyde d'étain que les Perses adaptèrent au décor architectural dans les grandes frises de briques émaillées des palais de Suse et de Persépolis vers 550 avant notre ère.

Coupe d'époque seldjoukide, Kashan (Iran) - crédits :  Bridgeman Images

Coupe d'époque seldjoukide, Kashan (Iran)

Les civilisations musulmanes donnèrent un grand essor à l'art céramique. En Mésopotamie, aux ixe et xe siècles, sous les Abbassides, héritiers des Perses, l'usage de l'émail stannifère et du lustre métallique s'était établi ; les trouvailles faites à Samarra et à Rakka en témoignent. Les champs de fouilles de Fostat et de Beni-Hassan, en Égypte, ont aussi livré des poteries lustrées de qualité datant de l'époque des Fatimides (969-1171), mais elles sont plus souvent de texture siliceuse blanchâtre qu'à émail stannifère. Aux xiie et xiiie siècles apparurent des techniques plus élaborées ; les premières peintures de tableaux animés sur émail stannifère, scènes de chasse ou illustration des légendes, s'inspirent des miniatures contemporaines et sont peut-être l'œuvre des mêmes artistes. L'emploi d'une palette vive rehaussée d'or implique la connaissance des procédés de cuisson au petit feu. Les meilleures faïences de ce genre dit mina'i (de l'anglais enamel, émail) ont été trouvées en Perse, à Sava, à Kashan et surtout à Rayy.

Façades en azulejos à Guimarães, Portugal - crédits : H. Champollion/ AKG-images

Façades en azulejos à Guimarães, Portugal

L'expansion islamique en Afrique du Nord et en Espagne favorisa l'immigration dans ces pays de nombreux artisans venus d'Iran et de l'est de la Méditerranée. Les fouilles faites dans la région de Valence, à Paterna principalement, ont livré non seulement de nombreux tessons de faïence à décor vert et violet, mais aussi des restes de fours prouvant l'existence d'un centre de fabrication important dès le xiiie siècle. On signale aussi la présence en Espagne du Sud de poteries à lustre métallique dont quelques fragments ont été trouvés dans la région de Cordoue, à Medina az-Zahra, la cité fondée en 936 par Abd er-Rahman. Le décor de ces premières céramiques «   hispano-mauresques » est de style nettement orientalisant, islamique, et l'usage de l'argile sous émail stannifère (d'une véritable « faïence »), favorisé par la présence sur place de mines d'étain, se généralisa immédiatement. En Andalousie, dans le royaume musulman de Grenade, les villes d'Almería, de Murcie, de Malaga étaient réputées dès le xiie siècle pour leurs poteries dorées (obra dorada). La fabrication de faïence, stimulée par les nécessités du décor de l' Alhambra de Grenade, commencé en 1273, prit bientôt un grand développement. Les ateliers régionaux durent fournir d'importants revêtements de carreaux, soit unis, posés en mosaïque ( alicatados), soit portant chacun son décor peint d'abord en bleu ( azulejos). On leur doit certainement les célèbres vases de l'Alhambra ornés d'arabesques et d'animaux stylisés tracés en bleu et or sur fond d'émail ivoiré. Après la chute de Malaga (1487) et de Grenade (1492), les ateliers de céramique se propagèrent en Espagne catholique. Ils connurent un nouvel essor aux environs de Valence – Manises. La production d'une faïence à reflets métalliques se poursuivit aux siècles suivants, aussi abondante mais de moindre qualité. Elle se répandit vers le nord de l'Espagne, dans toute la province d'Aragon et en Catalogne, principalement à Barcelone et à Reus, d'où elle passera en France, à Narbonne. Les ateliers de Séville-Triana, du xive au xvie siècle, fabriquèrent un nombre considérable de grands carrelages et revêtements muraux, les uns peints, lustrés ou non, les autres à décor cloisonné par des lignes en réserve ( cuerda seca) ou en relief (de arista).

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Faïence : foyers de fabrication - crédits : Encyclopædia Universalis France

Faïence : foyers de fabrication

Frise des Archers - crédits : Peter Willi/  Bridgeman Images

Frise des Archers

Coupe d'époque seldjoukide, Kashan (Iran) - crédits :  Bridgeman Images

Coupe d'époque seldjoukide, Kashan (Iran)

Autres références

  • ALICATADO

    • Écrit par
    • 211 mots

    Le terme d'alicatado désigne, en Espagne, une mosaïque constituée par des fragments de céramique émaillée de formes et de couleurs différentes, incrustées dans du plâtre. Ces fragments de faïence sont obtenus à partir d'azulejos monochromes sur lesquels on trace un décor...

  • AZULEJOS

    • Écrit par
    • 953 mots
    • 2 médias

    Le terme azulejo, qui semble dérivé du mot espagnol azul (bleu), est devenu synonyme de carreau de faïence pour les pays d'Europe et d'Amérique soumis à l'influence espagnole et portugaise. Diffusée par l'Espagne qui l'a adoptée la première, cette technique nouvelle s'est largement répandue au cours...

  • CÉRAMIQUE

    • Écrit par , et
    • 2 864 mots
    • 4 médias
    ...un décor peint à l'aide d'oxydes métalliques fixés par la cuisson et, en outre, il peut supporter l'addition d'un lustre à base d'argent ou de cuivre. C'est cette dernière poterie à émail stannifère, avec ou sans lustre métallique, qui constitue la « faïence » au sens historique du mot. Le procédé transmis...
  • CUERDA SECA

    • Écrit par
    • 484 mots

    L'expression cuerda seca est employée pour la première fois en 1558 pour désigner un décor céramique dans lequel on isole les émaux par un trait gravé et une matière de composition différente. Ce procédé a été utilisé pour la première fois par les Achéménides dans la décoration de la frise...

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