Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

FALAISE

Types de falaises

Falaises calcaires d’Étretat, Seine-Maritime - crédits : Bertrand Juilliard

Falaises calcaires d’Étretat, Seine-Maritime

Les plus « belles » falaises étant les plus éloignées de cet équilibre, c'est dans les roches cohérentes que la verticalité est le mieux conservée. Encore faut-il que la roche soit assez tendre pour avoir pu être sérieusement entamée par l'érosion marine pendant les quelques milliers d'années du stationnement actuel de la mer. Les calcaires, les grès et les schistes sont donc les roches les plus propres à former de belles falaises, du moins lorsque leurs litages sont horizontaux ou verticaux, les diaclases étant généralement perpendiculaires aux plans de stratification : l'existence de ces fissures favorise l'attaque de la roche, mais leurs orientations sont compatibles avec la persistance de parois verticales.

Dans les falaises de craie, par exemple, c'est le jeu des diaclases subverticales et des lits subhorizontaux qui, découpant la roche en parallélépipèdes, explique que, le plus souvent, le recul de la falaise s'opère par chute individuelle de fragments. Comme chaque fragment est détaché par l'action combinée de la gélivation et de l'hydrolyse, qui toutes deux s'effectuent à partir de la paroi verticale de la falaise bien plutôt qu'à partir de la surface du plateau (protégée par ses formations superficielles), le recul s'effectue à peu près à la même vitesse sur toute la hauteur de la paroi, qui garde donc sa verticalité. L'évolution catastrophique, par écroulement brutal de pans entiers, plus spectaculaire, est probablement moins efficace, dans la craie homogène, que ce lent émiettement de la paroi verticale, contrastant avec la quasi-immunité de la surface du plateau. C'est seulement là où la paroi n'est crayeuse que sur une partie de sa hauteur, des couches plus ou moins argileuses venant s'intercaler dans la craie ou la surmonter, que l'évolution catastrophique devient vraiment efficace, comme pour les Vaches Noires (Calvados), ou les falaises du sud de l'île de Wight.

Ailleurs, la libération des fragments rocheux est le fait de la décompression : le recul de la falaise supprime une pression latérale et déclenche une fissuration selon des plans subparallèles à la falaise. Les plaques ainsi libérées nourrissent alors des cônes d'éboulis, que la mer déblaie à leur base. C'est le processus auquel Guilcher attribue le recul des « mégafalaises » du Kerry, façonnées dans un vieux grès rouge peu sensible aux agents météoriques.

Dans des roches faiblement consolidées, comme le sont souvent les dépôts quaternaires, la falaise évolue souvent par des alternances de sapement (bref, mais efficace, à l'occasion de tempêtes survenant lors des vives eaux) et d'écroulement (souvent lié à la saturation en eau lors des fortes pluies). Les différences de consolidation et de perméabilité entre les diverses couches sont, là encore, mises en valeur par l'érosion, et l'on observe souvent des falaises dont les divers étages n'évoluent pas vers un équilibre identique, ni par les mêmes processus.

La nécessité d'une abrasion marine actuelle pour le façonnement d'une falaise au sens strict du terme conduit à exclure de cette catégorie bien des versants littoraux, pourtant abrupts, parce que la mer n'est pas l'agent de leur façonnement. C'est souvent le cas dans les roches vraiment dures, comme le granite, où les houles n'ont fait que dégager le vieux manteau d'altération et restent impuissantes une fois atteinte la roche en place. Ces fausses falaises n'ont qu'un petit grattage marin à la base, mais le reste du versant est purement subaérien.

De même, les prétendues falaises devant lesquelles manque toute plate-forme d'abrasion ne sont pas des formes actuelles, mais l'héritage, non retouché, de falaises autrefois façonnées lors de niveaux marins inférieurs à l'actuel[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Médias

Abrasion marine : façonnement d'une encoche dans la falaise - crédits : Encyclopædia Universalis France

Abrasion marine : façonnement d'une encoche dans la falaise

Falaises calcaires d’Étretat, Seine-Maritime - crédits : Bertrand Juilliard

Falaises calcaires d’Étretat, Seine-Maritime

Autres références

  • ACCUMULATIONS (géologie) - Accumulations marines

    • Écrit par
    • 7 916 mots
    • 26 médias
    Cesplages d'anse sont souvent adossées à une falaise, mais il ne s'agit pas forcément là de la substitution d'un phénomène d'accumulation à un phénomène d'abrasion : la falaise recule par à-coups, lors des démaigrissements de la plage qui permettent aux vagues de l'attaquer directement ; ces...
  • CÔTES, géomorphologie et géographie

    • Écrit par
    • 6 700 mots
    • 13 médias
    ...que les processus morphogénétiques changent complètement de nature du fait de la submersion partielle du paysage : c'est ce qui explique la hauteur des falaises en milieu calcaire : rien n'avait préparé le paysage à une action mécanique, et l'introduction du sapement est une véritable révolution morphologique....
  • ÉROSION DU LITTORAL

    • Écrit par et
    • 3 916 mots
    • 6 médias
    L’érosion des falaises côtières est réalisée par une combinaison de facteurs, continentaux pour l’essentiel et marins dans une moindre mesure. La nappe phréatique joue un rôle important dans l’instabilité des terrains, et les variations de la pluviométrie et le gel sont de ce fait des facteurs à prendre...
  • NORMANDIE, région administrative

    • Écrit par
    • 3 161 mots
    • 3 médias
    Le littoral de la Normandie comprend quatre grands types de côtes. Au nord-est, en lisière du pays de Caux, de puissantes falaises de craie, hautes d'une centaine de mètres, bordent un mince estran de galets et d'éboulis. On retrouve des falaises au sud de la Seine, mais avec moins de puissance et moins...