FAMILLE DES PLANTES, Michel Adanson
Familles des plantes est une œuvre singulière. Son auteur, le botaniste français Michel Adanson (1727-1806), fit un séjour au Sénégal, de 1748 à 1754, pour y étudier la flore. Rentré en France, membre de l'Académie des sciences, il fut en contact avec Buffon et Bernard de Jussieu.
L'ouvrage commence par une « préface Istorike sur l'état ancien et actuel de la botanike et une téorie de cette science », rédigée, comme on le voit, dans l'orthographe réformée que préconisait Adanson. Cette préface lui offre l'occasion de critiquer Carl von Linné, le naturaliste suédois, dont la nomenclature et la classification étaient prédominantes en Europe à l'époque.
Sur le premier point, la manière de nommer les plantes, Adanson préfère qu'on garde les noms locaux, plutôt que d'en fabriquer de nouveaux en hommage à des savants européens. Ainsi, il regrette que le nom donné au baobab par Linné, en 1753, soit Adansonia digitata.
Sur le second point, la manière de classer les plantes, Adanson reproche à Linné de se contenter d'un « système », c'est-à-dire d'une classification artificielle fondée sur un seul et unique critère : le nombre des organes sexuels (étamines et parties visibles du pistil) présents dans la fleur. Pour sa part, Adanson entend développer la « méthode naturelle », c'est-à-dire une classification qui fasse intervenir toutes les parties de la plante. Pour illustrer son propos, il construit soixante-cinq systèmes, fondés chacun sur un critère (taille, longévité, odeur, saveur, disposition des feuilles, couleur des pétales, formes des racines...). Certaines plantes se retrouvent ensemble dans un grand nombre de systèmes. Adanson forme ainsi cinquante-huit familles dont chacune regroupe les plantes ayant le plus de caractéristiques communes.
En fait, une analyse de toutes ces données était matériellement impossible à l'époque. Cependant, deux siècles plus tard, dans les années 1960, des biologistes et des mathématiciens ont repris l'idée d'un traitement statistique des classifications, au point qu'on a pu parler d'une école néo-adansonienne.
Si Bernard de Jussieu a jeté les bases d'une classification naturelle – qu'il applique en 1759 au jardin de Trianon à Versailles –, explicitée ensuite par son neveu Antoine Laurent de Jussieu, Adanson est le premier à en avoir formalisé les fondements.
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Écrit par
- Jean-Marc DROUIN : professeur au Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
Média