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FAMILLE Économie de la famille

La théorie du mariage

La perspective adoptée dans la théorie économique du mariage, qui s'applique plutôt d'ailleurs à la mise en couple qu'à l'institution du mariage en elle-même, est la même que dans la théorie économique en général : les décisions en matière de mariage comme de divorce sont celles prises par des individus rationnels qui vont adopter, sur un « marché » du mariage, un comportement similaire à celui qu'ils ont sur le marché du travail, par exemple. Aucun économiste ne prétend, bien entendu, que les aspects économiques sont les seuls, ni même les principaux éléments intervenant sur le marché du mariage. Mais, même dans le domaine du mariage et du divorce, les apports des économistes sont loin d'être négligeables et ont été intégrés, non seulement dans d'autres champs disciplinaires, comme la sociologie, mais également dans des aspects de la vie quotidienne, comme les décisions de justice en matière de divorce.

Les raisons économiques du mariage

Yoram Weiss (1997) relève que, d'un point de vue économique, on peut considérer le mariage (ou, plus généralement, la vie en couple) comme un partenariat visant à réaliser à la fois une consommation et une production jointes. La plus importante et la plus universellement reconnue de ces productions est, bien entendu, la mise au monde et l'éducation des enfants. Mais on peut avancer trois autres avantages liés à la vie en couple :

La division du travail, qui permet de bénéficier d'économies d'échelle et d'exploiter des avantages comparatifs. C'était l'un des principaux avantages de la famille mis en avant par Becker (1981), qui se fonde sur la répartition des tâches de la famille traditionnelle dans laquelle seul le mari se porte sur le marché du travail, tandis que la femme reste au foyer. Avec la généralisation de l'activité des femmes mariées, cet argument a évidemment perdu en pertinence, même si, aujourd'hui, les familles continuent de mettre en œuvre une version atténuée des avantages comparatifs dans laquelle les femmes tendent à investir plus de temps dans la famille, tandis que les hommes s'investissent plus intensément sur le marché du travail. Un résultat empirique à l'appui de cette interprétation est le fait que les hommes mariés tendent à recevoir des salaires plus élevés que des hommes célibataires aux caractéristiques comparables (Waite, 1995), alors que l'on observe l'inverse pour les femmes mariées. Cependant, comme dans la théorie du commerce international, si l'on tient compte des transferts de revenu intra-familaux, la division du travail dans le ménage est bien génératrice de gains pour tous les membres de la famille, comparée à la situation de référence que serait pour chacun d'entre eux le célibat.

La jouissance de biens collectifs ; en termes économiques, on peut assimiler les enfants à un bien collectif, tout d'abord « produits » dans la famille, puis dont la présence est partagée par les deux parents. Un autre exemple de bien dont la consommation est partagée collectivement par les membres du ménage est le logement, mais on peut en ajouter beaucoup d'autres, si on retient la définition usuelle d'un bien collectif : un bien dont la consommation par l'un des partenaires ne réduit pas celle effectuée par l'autre (non-rivalité dans la consommation). L'existence de biens collectifs concourt, comme la division du travail, à accroître les bénéfices de la vie en famille. Cela est d'autant plus vrai que la part des biens collectifs dans les dépenses familiales est élevée. Edward Lazear et Robert Michael (1980) estiment que deux célibataires peuvent pratiquement doubler leur pouvoir d'achat en se mettant en couple. De même, Couprie et Ferrant (2014) mettent en évidence un gain de temps[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite à l'université Paris-I-Panthéon-Sorbonne

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Médias

William Stanley Jevons - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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