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FAMILLE Les sociétés humaines et la famille

La famille dans la société occidentale

Faut-il conclure que, étant universelle et apparemment nécessaire à la construction puis au maintien de la vie en société, la famille est, de ce fait, une institution qui ne peut disparaître ? Comment comprendre alors le thème contemporain de la famille en crise ?

Solidarité consanguine et solidarité conjugale

Venons-en, tout d'abord, au sens étendu de la famille perçue non plus seulement comme l'unité, généralement résidentielle, que forment un homme et une femme, dont l'union est socialement approuvée, avec leurs enfants, mais comme « l'ensemble des personnes d'un même sang » (Littré ; sens 3). On a vu que des règles de filiation en nombre fini (les plus courantes sont les modalités patrilinéaire, matrilinéaire, bilinéaire et cognatique/indifférenciée) ont pour objet de répartir et de classer les parents dans des groupes distincts, ce classement et cette répartition fondant, pour un individu donné, la gamme de ses droits et de ses obligations à l'égard de ses consanguins. Dans tous les cas, la reconnaissance de la parenté se fait par le truchement de la généalogie, réelle ou fictive. La reconnaissance du pur rapport généalogique de consanguinité existe toujours, quoi qu'il en soit des effets du classement selon les règles de filiation.

Dans la société occidentale, cognatique – cela veut dire : où tous les cheminements sont reconnus comme équivalents à travers les ancêtres des deux sexes –, on ne trouve donc pas l'équivalent des groupes stables unilinéaires, bien que cette société connaisse une notable accentuation patrilatérale (transmission du nom, souvent de l'héritage foncier ; patri-virilocalité marquée en milieu paysan, etc.). Ici, la famille comptée généalogiquement, groupe de parenté bilatérale où chacun reconnaît sa parentèle, coexiste fortement avec la famille conjugale. Ses limites varient, mais elle comprend, au premier chef, les parents et grands-parents des époux, puis un certain nombre de collatéraux ainsi que les conjoints de ces collatéraux (oncles et tantes, frères et sœurs, neveux et nièces...).

Liens de consanguinité et liens d'alliance existent dans toutes les sociétés humaines, mais c'est le rapport entre les allégeances différentes qu'ils exigent de leurs contractants, selon les types de sociétés, qu'il importe de saisir.

L'analyse des différentes formes de sociétés humaines montre que la consanguinité et l'alliance exogame – c'est-à-dire l'alliance réalisée en dehors du groupe de consanguinité selon la manière dont il est défini par les règles de filiation – tirent nécessairement dans des directions différentes (D.M. Schneider). On posera comme principe que, là où l'accent est mis sur l'importance du lien conjugal et de la solidarité entre époux, l'importance des liens de consanguinité décline : en cas de conflit, la solidarité conjugale l'emportera sur la solidarité parentale. Inversement, là où l'accent est mis sur la primauté de la consanguinité, des limites précises sont apportées aux droits et devoirs conjugaux : en cas de conflit, la solidarité par le sang l'emportera sur la solidarité conjugale, au point même parfois de faire totalement éclater cette dernière. L'exercice de ces solidarités est différent selon les sexes et les types d'organisation sociale.

Une des formules sociales les plus réussies, en ce qu'elle est porteuse des plus faibles ambiguïtés possibles, est celle qui est fondée sur le principe de la filiation patrilinéaire, accompagnée de la patri-virilocalité. L'appartenance au groupe n'est transmise que par les hommes ; les filles nées des hommes du groupe appartiennent à ce groupe, mais pas les enfants nés de ces filles. Le mode de filiation patrilinéaire, qui ne reconnaît donc que les mâles comme[...]

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