FANG
Les Fang forment près du tiers de la population du Gabon, dont ils occupent le Nord et l'Ouest (ils étaient 450 000 en 2005, au Gabon). Leur groupe se prolonge au-delà des frontières, en Guinée équatoriale (80 p. 100 de la population) et au Cameroun (20 p. 100 de la population, soit près de 3 millions de personnes en 2005). Avec les Beti et les Boulou du Cameroun, ils constituent le groupe dit « Pahouin », de langue bantoue.
Histoire
L'arrivée des Fang au Gabon est récente, et a donné lieu à diverses hypothèses : ils seraient venus de la Haute-Égypte et seraient apparentés aux Zande et aux Mangbetu du haut Oubangui. Une certitude paraît acquise : leur départ, vers la fin du xviiie siècle, de la savane située sur la rive droite de la Sanaga, probablement sous la poussée des Peul, et, après qu'ils eurent franchi ce fleuve, leur progression constante vers le sud-ouest, à travers la forêt. Leur adaptation à ce nouveau milieu fut pour eux un fait important, attesté par le mythe d'un long tunnel qu'ils auraient creusé à travers le tronc d'un arbre gigantesque. Médiocres piroguiers, ils n'empruntaient pas les voies d'eau. La direction constante de leur migration a été expliquée par des raisons religieuses ; le couchant est en effet le pays des morts, des ancêtres qu'ils souhaitaient rejoindre. Des motifs plus terrestres s'y ajoutèrent : l'attraction des centres commerciaux de la côte atlantique. En effet, le prestige se mesure, en pays fang, au nombre des épouses, pour lesquelles une dot importante est exigée du mari ; d'où leur désir d'obtenir des marchandises de traite européennes, en échangeant contre elles ivoire, latex, ébène...
La migration a pris fin dans la région du bas Ogooué, au Gabon, à la fin du xixe siècle, arrêtée à la fois par la mer et par l'administration coloniale française. Les Fang ont réussi à effacer toute trace des populations bantoues qui occupaient le pays avant eux : les prisonniers de guerre ont été, en effet, massacrés ou assimilés par adoption (il n'y a chez eux ni esclaves, ni populations soumises, sauf les chasseurs pygmées, les Binga). Cependant, leur progression ne fut pas une marche rapide et triomphante, mais plutôt un lent essaimage de solides villages de guerriers.
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Écrit par
- Jacques MAQUET : professeur à l'université de Californie à Los Angeles
Classification
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