FANNY ET ALEXANDRE (mise en scène J. Deliquet)
L’œuvre-somme d’Ingmar Bergman fut à l’origine un roman partiellement autobiographique. D’abord adapté pour la télévision dans une version en quatre parties d’une durée totale de plus de cinq heures, le film connut une sortie remaniée en salles en 1982, qui lui valut d’obtenir l’année suivante l’oscar du meilleur film étranger. Comme le livre, le film est d’abord un hymne à la magie du théâtre et une évocation d’un milieu que Bergman occupa pleinement tout au long de sa carrière, comme metteur en scène de nombreux auteurs et comme directeur du Théâtre dramatique royal de Stockholm, revendiquant cet engagement artistique comme prioritaire dans l’exercice de son « métier ».
Un monde en miniature
Fanny et Alexandre en fournit une autre illustration. L’œuvre se situe au début du xxe siècle, au cœur d’une famille de gens de théâtre, les Ekdahl, réunis pour une soirée de Noël dans leur lieu de création, devenu leur « maison ». Sous l’influence bienveillante d’Helena, une ancienne et célèbre comédienne, se retrouvent notamment ses trois fils, Carl, professeur marié à Lydia, Oscar, directeur du théâtre, et Gustav Adolf, restaurateur du lieu. Oscar et Gustav Adolf sont accompagnés de leurs épouses respectives, Emilie et Alma, comédiennes, et de leurs enfants, Fanny et Alexandre (ici adolescents, alors qu’ils apparaissaient comme des enfants dans la version filmée) pour l’une, Peter pour l’autre. Dans une ambiance festive et joyeuse se dévoilent les personnalités, les émotions et les interrogations de chacun sur la vie et la mort, avec naturellement de multiples références à l’exercice de leur art et à leur répertoire, de Shakespeare à Racine, Ibsen ou Strindberg.
L’aventure semble ne devoir jamais s’achever. Mais tout bascule peu après, avec la mort subite d’Oscar lors d’une répétition de Hamlet. Lasse de ce qu’elle considère comme un monde d’illusions, sa veuve, Emilie, décide bientôt d’abandonner la direction du théâtre pour vivre avec ses deux enfants au côté d’un évêque luthérien autoritaire et pervers, Edvard Vergerus, accompagné de sa sœur désaxée Henrietta et de leur servante. Tous trois vont leur imposer une vie puritaine étouffante et psychologiquement traumatisante, dont ils ne parviendront à se libérer que grâce à l’aide d’un antiquaire, Isak Jacobi, et de son neveu, provoquant la mort du prélat dans l’incendie de son presbytère. Emilie retrouvera sa famille et renouera avec le théâtre, amorçant un nouveau destin.
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Écrit par
- Jean CHOLLET : journaliste et critique dramatique
Classification
Média