FANTASME, psychanalyse
Le fantasme peut se définir comme une production imaginaire qui représente le sujet dans un scénario déterminé, à la manière d'un rêve, et figure, d'une manière plus ou moins voilée, un désir. Le mot français « fantasme », qui correspond au mot allemand Phantasie utilisé par Freud, présente l'avantage d'être libre des résonances de caprice ou de bizarrerie liées à la notion de fantaisie. Ainsi, en psychanalyse, la traduction de Phantasie par fantasme s'impose après les années 1950, non seulement dans les pays francophones, mais aussi en Italie et dans les pays hispanophones, où le mot de fantasma n'existait pas auparavant.
Les destins du fantasme et de la psychanalyse, dévoilés au même moment par Freud, sont intimement liés. On considère généralement que Freud découvre la psychanalyse quand il se décide à abandonner sa première théorie d'une origine traumatique des névroses. Selon cette théorie, les névrosés auraient, dans leur enfance, été attaqués sexuellement par un adulte de leur entourage (généralement le père, pour les patientes hystériques) et l'état névrotique développé ultérieurement serait une conséquence de cette situation traumatique primaire. Freud soutient cette théorie entre 1893 et 1897. Plus précisément, c'est le 21 septembre 1897, dans une lettre célèbre à son ami W. Fliess, qu'il avoue ne plus y croire. Les scènes traumatiques, a-t-il découvert, ne seraient que des fantasmes produits par les patients eux-mêmes, dans l'après-coup, à partir de souvenirs infantiles. Les historiens de la psychanalyse ont toujours reconnu que c'était au moment où Freud découvrait la nature fantasmatique de ces scènes qu'il inaugura la pensée psychanalytique proprement dite.
Les deux grands champs de débat où se déploiera, par la suite, la notion de fantasme sont déjà dessinés par cette première opposition entre fait réel et réélaboration fantasmatique. D'un côté, la contradiction fantasme /réalité et, de l'autre, l'implication fantasme /sexualité. D'où le fait que le point de croisement de ces deux questions est devenu un problème crucial pour la psychanalyse : les objets sexuels sont-ils réels ou fantasmés ?
Il n'y aura pas de réponse univoque à cette question tout au long de l'histoire du mouvement psychanalytique. En ce qui concerne Freud, le fantasme est toujours second, c'est-à-dire qu'il est toujours une production dérivée de phénomènes de deux ordres : des souvenirs réels et des pulsions. En d'autres termes, c'est l'état des désirs infantiles que Freud découvre en 1897, et les fantasmes d'attaque sexuelle racontés par l'adulte névrotique sont un produit défensif dérivé du souvenir de l'expérience de désir réellement vécue. Pour occulter ses pulsions actives, le sujet construit un fantasme selon lequel il souffre de façon passive de l'attaque de l'adulte qu'il a désiré auparavant.
Le caractère second du fantasme amène Freud à rechercher les états primaires du désir qui en sont à l'origine : c'est ainsi que, de même qu'il le fait pour l'analyse des rêves, il se lance aussi, à travers les fantasmes, dans une quête de dévoilement des désirs cachés dans la biographie de ses patients.
C'est en suivant cette voie que Freud constate qu'un certain nombre de fantasmes apparaissent régulièrement dans les récits de ses malades. Ce constat le conduira à postuler l'existence de l'universalité de certains fantasmes (innés et présents chez tous les êtres humains) qu'il nomme « fantasmes originaires ». Ils sont essentiellement de trois types : fantasme de castration (à l'aube de la vie, on méconnaît l'existence du sexe féminin : le phallus ayant une étendue universelle, les enfants se considèrent[...]
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Écrit par
- Carlos MAFFI : docteur en psychopathologie fondamentale et psychanalyse, université de Paris-VII, psychanalyste
Classification
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