FANTASY

Richesse visuelle

Dès les origines du genre, romans illustrés (Alice au pays des merveilles) et auteurs-artistes (William Morris, proche des peintres préraphaélites et fondateur du mouvement Arts and Crafts) rappellent le lien qui existe, dans la fantasy, entre imaginaire et image. John Howe et Alan Lee, les grands illustrateurs de Tolkien, après les frères Greg et Tim Hildebrandt dans les années 1970, ont joué un rôle décisif dans le rendu visuel de la « Terre du Milieu » telle que l'imagine le réalisateur Peter Jackson. La bande dessinée de fantasy se distingue parce qu'elle est d'apparition plus récente et d'origine plus diversifiée que les œuvres anglo-saxonnes jusqu'ici surreprésentées. Les comics américains ont assez peu exploré ce genre, sinon dans des adaptations (les Conan chez Marvel) et dans des œuvres singulières jouant sur l'hybridation des imaginaires (Sandman de Neil Gaiman, à partir de 1988).

De son côté, l'importante production japonaise de mangas a exploité son propre matériel légendaire, très riche, et l'école franco-belge a fait valoir ses qualités. La fantasy y apparaît sans se différencier initialement de la bande dessinée d'aventures (Thorgal de Jean Van Hamme et Grzegorz Rosinski, à partir de 1977) et de la bande dessinée historique (comme l'était le Prince Valiant d'Harold Foster, à partir de 1937, et comme le sont encore Les Sept Vies de l'Épervier d'André Juillard et Patrick Cothias, 1983-1991). Entre le cycle désormais classique La Quête de l'oiseau du temps de Serge Le Tendre et Régis Loisel (à partir de 1983) et l'univers à succès développé autour de Troy de Christophe Arleston et Didier Tarquin par la maison d'édition Soleil (à partir de 1994), au genre hybride et à la tonalité humoristique, des œuvres d'auteur ont su émerger, comme celle de Philippe Druillet, ou de Joann Sfar et Lewis Trondheim (aux commandes des Donjons).

Pour des questions de contraintes budgétaires et techniques, le cinéma de fantasy est guetté par l'invraisemblance, et par une obsolescence rapide, sensible, par exemple, dans l'esthétique des films des années 1980 : Conan le Barbare (John Milius, 1981), mais aussi Legend de Ridley Scott (1982) ou Dark Crystal de Jim Henson (1982). Même la très belle geste arthurienne Excalibur de John Boorman (1981), inspirée par T. Malory et Wagner, n'y échappe pas complètement. Seuls les films d'animation (les productions des Studios Disney ou les films des Miyazaki) ou encore la parodie (Princess Bride de Rob Reiner, 1987) semblent parvenir à un réel degré d'achèvement. Si l'expansion du genre a entraîné la multiplication des adaptations depuis 2000, le succès est loin d'être toujours au rendez-vous. La série télévisée, d'après George Martin, Game of Thrones (diffusée à partir de 2011 sur la chaîne américaine payante H.B.O.) est venue mettre fin à une longue absence du genre dans ce média, jusqu'alors seulement représenté par une heroic fantasy attachante mais d'assez basse qualité (Xéna la Guerrière, 1995-2001).

Richesse ludique

Il faut réserver une place particulière aux différents jeux de fantasy, même s'ils font également intervenir l'image (illustrations des manuels de jeux de rôle, animation numérique) et ont exercé leur influence directe sur les autres médias. Nombre d'auteurs de romans, mais aussi de bandes dessinées (comme Froideval pour ses Chroniques de la Lune noire, à partir de 1988), sont en effet issus des rangs des « rôlistes ». Le jeu de rôle a été le premier à investir une logique d'univers aujourd'hui très prisée par la culture populaire, en invitant à une immersion dans le monde imaginaire et à une participation créative à son développement. Toute l'histoire des jeux vidéo est marquée[...]