FAR WEST
Le cow-boy
Place nette était ainsi faite pour un nouveau type de pionnier, le cow-boy, autre personnage caractéristique du folklore américain. Dès la fin de la guerre de Sécession, des éleveurs du Texas avaient deviné les énormes possibilités des terres de l'Ouest pour nourrir leurs troupeaux ; mais la route était longue jusqu'aux pâturages d'altitude des Grandes Plaines ou des Rocheuses. Ils n'en avaient pas moins commencé un mouvement de transhumance qui, chaque printemps, les conduisait vers le nord-ouest et, en hiver, les ramenait vers des latitudes plus méridionales. Avec les chemins de fer, les possibilités de transhumance se trouvèrent multipliées et les troupeaux purent gagner le Nouveau-Mexique et le Colorado, puis les Dakotas, le Wyoming, le Montana, voire le Canada. En une quinzaine d'années, de 1865 jusqu'en 1880-1885, le Far West devint le terrain d'élection des troupeaux et de leurs gardiens, les cow-boys. Ses immenses espaces, sans clôtures, sans propriétaires, sans obstacles autres que ceux du relief, convenaient à merveille aux uns et aux autres. Des ranches s'établirent près des points d'eau, autour desquels rayonnaient les troupeaux et les cow-boys. Le métier n'était pas de tout repos, car il fallait se protéger des animaux sauvages qui saignaient les bêtes, des voleurs et aussi des Indiens. Il fallait aussi soigner des troupeaux exposés aux épidémies et souvent dispersés sur de grandes étendues. De là, une vie solitaire et sauvage que venait parfois égayer la fréquentation du marché voisin avec ses saloons et ses maisons de jeux. Une des tâches essentielles consistait à conduire jusqu'à la station la plus proche les bêtes bonnes pour la consommation et expédiées jusqu'aux abattoirs de Kansas City, Omaha, Saint Louis, Abilene ou Chicago. La vie du cow-boy est directement liée au chemin de fer, qui le met en relation avec les centres de consommation de l'Est et de l'Europe industrielle. Le souvenir de cette épopée a été perpétué par le personnage de Buffalo Bill, de son vrai nom William Frederick Cody, rancher dans le Nebraska puis dans le Wyoming, créateur d'un spectacle, le Wild West Show, qui fut apprécié aussi bien des Américains que des Européens.
L'avenir du cow-boy fut à son tour menacé par les progrès du peuplement. Ne citait-on pas le cas d'un propriétaire qui, irrité par le vol de quelques bestiaux par des Indiens, recruta une troupe de mercenaires qui se vantèrent d'avoir abattu cent soixante-quinze de leurs ennemis ? L'élevage extensif aboutissait à un gaspillage qui finissait par devenir onéreux. Au cours de l'hiver rigoureux de 1886-1887, plusieurs dizaines de milliers d'animaux moururent de froid. Les pionniers, amenés aux frais des compagnies de chemin de fer ou de colonisation, s'insurgeaient contre les atteintes dont leurs terres étaient l'objet. Enfin, la chute des prix de la viande, après 1885, rendit moins rémunératrice cette forme d'élevage.
Les conditions nouvelles jouaient contre le cow-boy, comme elles avaient joué un peu plus tôt contre les mineurs. L'élément décisif fut l'introduction du fil de fer barbelé qui, après son apparition dans l'Illinois dans les années soixante-dix, gagna peu à peu l'Ouest. Pour cultiver les terres et protéger la propriété, il fallait recourir à la clôture, ce que fit la troisième génération de pionniers, les vrais colons. Ainsi se trouvait limitée la faculté de transhumer qui rendait possible l'élevage extensif. L'État fédéral lui-même, alerté par des scandales comme la disparition des bisons, interdit toute forme d'occupation dans certains espaces du domaine public : en 1872 fut créé le premier parc national, celui de Yellowstone, d'une superficie égale à celle de deux départements français environ, aux confins du Wyoming, de l'Idaho et du Montana.[...]
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Écrit par
- Claude FOHLEN : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
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Médias
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