FARDIER DE CUGNOT
Sous la conduite du général Jean-Baptiste de Gribeauval, spécialiste de l'artillerie et inventeur d'un procédé d'usinage des canons, l'ingénieur du génie militaire français Joseph Cugnot (1725-1804) s'intéresse à la motorisation d'un fardier d'artillerie, un brancard à deux roues. Le premier modèle, conçu à partir de 1765, naît autour d'une idée simple : remplacer le cheval de trait par un moteur à vapeur qui actionne une roue unique. Cette troisième roue est placée à l'avant, entre les deux bras du fardier. Si Cugnot comprend la nécessité d'utiliser la haute pression, il se contente d'une chaudière peu performante, ignorant la quantité de vapeur nécessaire. Prévu pour atteindre 15 kilomètres par heure, le fardier, qui effectue son premier essai en 1769, ne dépasse pas les 4 ou 5 kilomètres par heure. L'essai ne dure qu'une dizaine de minutes, faute de vapeur et surtout d'endurance en raison d'importants défauts d'usinage. L'engin, considéré comme l'ancêtre de l'automobile, révèle les difficultés structurelles du véhicule à vapeur : poids excessif, rendement médiocre et maniabilité insuffisante. L'événement est pourtant essentiel : pour la première fois, un véhicule est mû sans faire appel à la traction animale, ce qui pousse son inventeur à projeter un nouveau fardier de plus grande taille en 1770-1771. On ignore si ce second engin, conservé à Paris, au musée du Conservatoire national des arts et métiers, a réellement été utilisé. C'est la disgrâce politique de ses promoteurs – de Gribeauval et, surtout, du duc de Choiseul, grand artisan de la modernisation de l'armée – qui met fin au projet.
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Écrit par
- Jean-Louis LOUBET : professeur des Universités, directeur du département d'histoire à l'université d'Évry
Classification
Média