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FARINES ANIMALES

Des farines animales aux protéines animales transformées

Le 18 juillet 2012, le comité permanent de la chaîne alimentaire de la Commission européenne a voté en faveur de la réintroduction des farines animales de non-ruminants dans l'alimentation des poissons. Ce sont les règlements européens 999/2001 – relatif aux règles de prévention, de contrôle et d'éradication des encéphalopathies spongiformes transmissibles – et 1069/2009 – concernant l'exploitation des sous-produits animaux – qui sont ainsi revus. La France et l'Allemagne sont les seuls pays de l'Union européenne à avoir voté contre. Malgré ces oppositions, la Commission européenne a annoncé le 14 février 2013 qu’à compter du 1er juin 2013 les poissons d’élevage pourront être nourris avec des protéines animales transformées (P.A.T.), issues de sous-produits de porcs et de poulets. Pour limiter les risques, les ruminants (potentiellement porteurs de prions pathogènes) seront exclus, tant pour leur alimentation que pour la production de farines, et aucun « cannibalisme » ne sera autorisé (une espèce ne doit pas consommer une farine contenant des protéines provenant de la même espèce, même chez les espèces non ruminantes).

Les protéines animales transformées : une coquetterie de langage ?

Le fait de parler désormais de protéines animales transformées, et non plus de farines animales n’est pas une simple coquetterie de langage.

En effet, les P.A.T. sont définies par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (A.E.S.A., en anglais E.F.S.A. pour European Food Safety Authority) comme « des protéines animales qui dérivent en totalité de matières premières protéiques de catégorie 3 (coproduits d'abattage propres à la consommation humaine, excluant les animaux malades) n'incluant aucun produit à partir de sang, lait, colostrum, gélatine, protéines hydrolysées, dicalcium et tricalcium phosphate, œufs, collagène ». Les protéines animales transformées sont donc fabriquées exclusivement à partir de sous-produits issus d’animaux sains, c’est-à-dire d’animaux issus de la chaîne alimentaire conventionnelle, abattus à des fins d’alimentation humaine, mais dont les morceaux ne sont pas consommés pour des raisons commerciales (morceaux non nobles, pieds de porc…). Elles n’ont donc plus grand-chose à voir avec les farines animales.

Filière des sous-produits animaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Filière des sous-produits animaux

Le règlement européen (CE) 1774/2002, en vigueur depuis le 1er mai 2003, distingue trois catégories de sous-produits animaux :

– La catégorie 1, destinée à la destruction, comprend les sous-produits d’origine animale suspects de maladies transmissibles à l’homme ou aux animaux. Ces matières proviennent en particulier d’animaux atteints ou suspects d’E.S.T., de matériels à risque spécifiés de ruminants, ou d’animaux contaminés par des substances illégales ou des contaminants dangereux. Les cadavres d’animaux de compagnie ou sauvages ou de zoo appartiennent aussi à cette catégorie.

– La catégorie 2, interdite en alimentation animale, recouvre les sous-produits animaux issus d’un animal mort en dehors d’un abattoir, ou contenant des résidus de médicaments.

– La catégorie 3, seule catégorie valorisable sous conditions en alimentation animale, est représentée par des sous-produits issus d’animaux sains abattus en abattoirs et déclarés propres à la consommation.

Les sous-produits animaux de catégorie 1 et une majeure partie de ceux de la catégorie 2 sont définitivement sortis du circuit alimentaire et sont voués à la destruction. Une partie d’entre eux sont transformés en farines et graisses. La partie protéique, broyée en farine de viande multi-espèces de catégorie 1, sert de combustible en cimenteries ou en usine d’incinération. La graisse animale multi-espèces de catégorie 1 est en majorité autoconsommée comme combustible dans les chaudières des usines de transformation.[...]

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Écrit par

  • : adjoint au délégué interministériel aux industries agroalimentaires et à l'agro-industrie

Classification

Médias

Farines animales : dates d’interdiction - crédits : Encyclopædia Universalis France

Farines animales : dates d’interdiction

Farines animales - crédits : Visivastudio/ Shutterstock

Farines animales

Filière des sous-produits animaux - crédits : Encyclopædia Universalis France

Filière des sous-produits animaux

Autres références

  • INTERDICTION DES FARINES D'ORIGINE ANIMALE

    • Écrit par
    • 309 mots

    Le 14 novembre 2000, le gouvernement français interdit l'utilisation de farines animales dans l'alimentation de toutes les espèces animales. Cette décision est étendue à toute l'Europe le 4 décembre 2000.

    Ces interdictions étaient la dernière étape d'un processus mis en œuvre...

  • ENCÉPHALOPATHIES SPONGIFORMES

    • Écrit par
    • 6 597 mots
    • 3 médias
    L'épidémie d'ESB est liée à l'utilisation de farines de complémentation alimentaire d'origine animale (moutons et bovins) dans l'alimentation des vaches laitières. En effet, les procédés de fabrication de ces compléments ont été modifiés au début des années 1980 : l'absence de réelle étape d'inactivation...
  • PRINCIPE DE PRÉCAUTION

    • Écrit par
    • 2 227 mots
    ...Grande-Bretagne dès novembre 1985, des mesures avaient été prises pour contrôler l'alimentation des animaux et limiter la consommation de bœuf par l'homme. Au contraire, les autorités britanniques ont attendu d'avoir la preuve scientifique, en juillet 1988, du rôle des farines contaminées dans l'origine de...