FASCISME
Unité et diversité
Premier en date à se définir, le fascisme italien constitue un modèle de base auquel l'analyse historique ne peut manquer de se référer. Créés à Milan le 23 mars 1919, les Fasci italiani di combattimento (Faisceaux italiens de combat) réunissent, sous l'égide de Benito Mussolini, des petits groupes d'anciens combattants et d'anciens militants du syndicalisme révolutionnaire. La prise du pouvoir par les fascistes, le 30 octobre 1922, conduit cependant à l'élaboration progressive d'une idéologie et d'un système politique d'un caractère entièrement original.
Au centre du système fasciste se trouve l'affirmation de la toute-puissance de l'État : « Tout dans l'État, rien contre l'État, rien en dehors de l'État », proclame Mussolini. Sur le plan des institutions, la doctrine de la toute-puissance de l'État conduit à la concentration de tous les pouvoirs entre les mains d'un seul homme, le Duce (le chef, le guide). Pour ce qui est de l'organisation sociale, le parti encadre, contrôle et dirige toute la vie de la collectivité. « Je prends, dit Mussolini, l'homme au berceau et je ne le rends au pape qu'après sa mort. » La jeunesse, notamment, est embrigadée dans des formations de caractère paramilitaire, élevée dans le culte du chef et dans celui de la grandeur de la nation. Le fascisme cherche aussi à imposer ses vues dans le domaine économique : il entend dépasser la lutte des classes en créant les cadres d'un régime corporatif où salariés et employeurs doivent se trouver réunis à l'intérieur d'une même organisation professionnelle. Le fascisme affirme enfin sa volonté d'apporter au peuple italien une « foi » nouvelle ; il s'agit d'« une conception générale de la vie » où la première place est accordée aux vertus de sacrifice, de dévouement et de combat. Tels sont les principes proposés aux jeunes Italiens et qui doivent leur permettre de fonder autour de la « nouvelle Rome » un puissant empire.
L'essentiel de ces traits se retrouve dans le national-socialisme allemand, avec cependant une différence capitale : Hitler accorde une importance fondamentale, non pas à la notion d'État, mais à celle d'une « communauté raciale » reposant sur la pureté du sang aryen et sur l'élimination de ses éléments corrupteurs (dont le principal est le « juif »).
Les innombrables mouvements, plus ou moins inspirés de l'exemple mussolinien, qui se développent, surtout après 1930, dans tous les pays européens s'inscrivent dans la même perspective. Il convient de citer la Phalange espagnole de José Antonio Primo de Rivera, le rexisme belge de Léon Degrelle, les Gardes de fer du Roumain Codréanu, le Mouvement britannique d'Oswald Mosley, etc. En France même, le fascisme se trouve représenté par quelques « ligues » comme le Francisme ou la Solidarité française ; il s'étend, d'autre part, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, dans certains milieux intellectuels, dont Robert Brasillach et Drieu La Rochelle constituent les meilleurs interprètes.
La multiplicité des mouvements fascistes apparus en Europe entre 1919 et 1939, si elle donne la mesure de l'ampleur du phénomène, permet toutefois d'y déceler quelques nuances. À cet égard, un certain nombre de critères de différenciation peuvent être établis, à partir desquels il est possible de dresser une typologie des différents fascismes.
Il faut d'abord tenir compte du contexte historique. Les mouvements fascistes apparaissent dans des pays différents, à des dates différentes et dans des circonstances différentes. Ils portent donc tout naturellement la marque des traditions politiques et idéologiques des pays dans lesquels ils se développent. Beaucoup d'observateurs contemporains ont insisté sur[...]
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Écrit par
- Raoul GIRARDET : professeur à l'Institut d'études politiques de Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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