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FASTNACHTSPIEL, théâtre

Les premières représentations du théâtre profane en langue allemande s'insèrent dans les cadres des festivités du carnaval. Attesté depuis la seconde moitié du xive siècle sous le nom de Fastnachtspiel, son âge d'or coïncide avec le triomphe de la Réforme (il existe des pièces de propagande) ; le Volksbuch (livre de littérature populaire) va en répandre le texte. Conscientes de la puissance subversive de ce théâtre, les autorités réformées de Nuremberg l'interdisent en 1539 alors même qu'il entrait dans sa phase décadente, se changeant de farce en moralité.

Lübeck, Nuremberg, Sterzing (aujourd'hui Vipiteno) et Bâle furent les principaux centres. Contrairement à la France, le spectacle n'est pas monté par des confréries dramatiques permanentes, mais par des troupes d'amateurs appartenant, comme leur public, à des corporations d'artisans, celles-là mêmes qui organisaient le défilé de carnaval. La représentation se déroule la plupart du temps dans une auberge où rien ne sépare les acteurs des spectateurs. Les pièces relèvent d'une gamme thématique extrêmement étendue : depuis les questions d'actualité politique (Jeu du grand Turc, 1452), religieuse (Le Dévoreur de cadavres, satire sur la messe des morts du Bâlois Pamphilus Gengenbach), sociale, en passant par la parodie du monde courtois jusqu'aux sujets scatologiques ou paillards fréquemment exploités. Débauche des mots, plaisir des métaphores grivoises, joutes verbales et duels d'injures tiennent la place de l'action dans les spectacles comiques, le schéma linéaire de la revue (Reihenspiel) remplaçant l'intrigue. À la place des caractères, l'on trouve des personnages types : le paysan, le moine, la vieille femme acariâtre, la jeune fille séduite et abandonnée, le mari trompé, le soldat fanfaron ou le médecin charlatan, des figures allégoriques. Prologue, épilogue et incitation à la danse collective encadrent le spectacle. Hans Sachs fut le dernier grand créateur de Fastnachtspiel. Parmi les modernes, Brecht et Schnitzler ont pris goût au jeu.

— Véronique KLAUBER

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