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FATH ‘ALI SHĀH (1759/60-1834)

Neveu du fondateur de la dynastie qādjār de Perse, Āqā Mohammad Khān, et second souverain de cette dynastie, Fath ‘Ali Shāh était le fils du chef qādjār qoyunlu Hoseyn Qoli Khān Djahansuz. Né en 1173 de l'hégire (1759-1760), il avait reçu son nom ainsi que son surnom de Bābā Khān en mémoire du prestigieux ancêtre qādjār Fath ‘Ali Khān, éliminé en 1726 par le futur Nāder Shāh. En dépit des conseils de patience de son frère Āqā Mohammad Khān, Hoseyn Qoli Khān avait combattu le clan qādjār develu et les gouverneurs des Zand. Son assassinat par les develu avait contribué à creuser le fossé entre clans qādjār, et il avait fallu à Āqā Mohammad Khān beaucoup d'astuce et de patience pour les réconcilier.

Āqā Mohammad Khān avait minutieusement organisé sa succession. À la nouvelle de son assassinat (1797), Bābā Khān, alors gouverneur du Fārs, se rendit en toute hâte de Chīrāz à Téhéran où Mirzā Mohammad Khān Qādjār maintenait l'ordre. Il monta sur le trône à Téhéran le 29 juillet 1797, mais ne fut couronné que le 19 mars 1798. Bien qu'il ait eu assez peu de difficultés à assurer la succession, Fath ‘Ali Shāh eut maintes fois à affronter au cours de son règne des révoltes et des soulèvements de prétendants d'anciennes dynasties, de membres de sa famille (dont ‘Ali Qoli Khān, frère de Āqā Mohammad Khān, et son propre frère Hoseyn Qoli Khān), d'autres tribus (dont les Shaqāqi, des Kurdes et des Bakhtyāri), de gouverneurs locaux... Mais, malgré la fragilité de son Empire, son entourage contribuait à entretenir ses rêves de grandeur. En fait, la situation de la Perse sur le chemin des intérêts des grandes puissances colonisatrices allait décider de son sort. Au début du règne, l'Angleterre puis la France briguèrent son alliance. Napoléon Ier et le tsar Paul Ier projetaient de frapper la Grande-Bretagne en Inde. Après la mort de Paul Ier (1801), Napoléon chercha à prendre les Russes à revers. Mais les succès de deux missions d'assistance militaire importantes (Amédée Jaubert, 1805-1806 ; Gardane, 1807) et le traité franco-persan de Finkenstein (mai 1807) furent réduits à néant par l'accord franco-russe de Tilsit (juillet 1807). Quant aux Anglais, ils cherchaient surtout à défendre leurs intérêts en Inde contre les visées des Russes et des Français. Leur envoyé à la cours de Fath ‘Ali Shāh, le capitaine écossais John Malcolm, obtint la signature de traités d'alliance et de commerce (1801), bientôt dénoncés par les deux parties. Mais ils refusèrent de soutenir les intentions belliqueuses de la Perse, qui voulait notamment réaffirmer son hégémonie sur la Géorgie. La Perse se trouva donc pratiquement seule pour affronter les Russes au Caucase ; malgré les initiatives courageuses du prince héritier ‘Abbās Mirzā, après neuf ans de conflit (1803-1812), le traité de Golestān (1813) donnait aux Russes la plupart des anciens territoires persans au nord de l'Araxe. Après une paix apparente de treize ans, les hostilités reprirent en 1826. À nouveau vaincus, les Persans durent céder, par le traité de Torkmantchaï (1828), tous leurs anciens territoires au nord de l'Araxe et payer une très forte indemnité ; de plus, ils durent renouveler aux Russes des droits exclusifs de navigation sur la mer Caspienne et leur accorder des droits d'extra-territorialité. Les uléma, qui avaient poussé à la guerre sainte (djehād) contre les Russes, jouèrent aussi un rôle dans le soulèvement qui aboutit à l'assassinat des membres de la légation de Russie (dont l'éminent homme de lettres et ambassadeur Alexandre Griboïedov) par la populace de Téhéran (1829). Après l'échec de la mission Gardane, les Anglais étaient parvenus avec beaucoup de difficultés (car la diplomatie de la East India Company différait notoirement de celle de Londres) à conclure[...]

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Écrit par

  • : chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études (IVe section)

Classification

Autres références

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    • Écrit par
    • 406 mots

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