FATIGUE
Le terme de fatigue désigne à la fois un sentiment vécu, n'apparaissant qu'à travers le récit personnel de celui qui l'a ressenti, et un ensemble de signes notés et enregistrés par un observateur impartial. Cette dualité permet d'opposer la fatigue subjective et la fatigue objective. Seule cette dernière peut être réellement définie avec précision par le physiologiste. Pour J. Scherrer, la fatigue est une « baisse d'activité d'un système vivant (cellules, tissus, organes...) pour une incitation constante, liée à l'activité de ce système et réversible par sa cessation transitoire ». Cette définition s'applique aux activités aussi bien musculaires que psychosensorielles de l'organisme entier ; elle concerne le travail professionnel, l'activité sportive et les contraintes de la vie en société. La fatigue normale doit être distinguée de manifestations apparemment identiques, mais d'origine pathologique, que l'on préfère nommer asthénie. Une baisse d'activité, lorsqu'elle n'est plus réversible par le repos, est un signe de vieillissement, soit d'usure (plus ou moins prématurée), soit d'une altération de la structure.
Conditions générales d'apparition
Un travail musculaire, une tâche psychosensorielle peuvent être poursuivis à différents régimes : le régime de croisière est celui qui permet une activité prolongée sans fatigue (un exemple est constitué par les 5 à 10 km de marche journalière qu'effectue un individu réputé sédentaire) ; le régime de crête correspond au maximum d'activité pendant un temps très bref (course de vitesse) ; entre les deux se situe le régime critique, définissant le niveau maximal d'activité sans limite de temps (c'est le plafond d'activité qu'un homme pourrait maintenir pendant les heures de veille durant des années, le besoin de sommeil étant par ailleurs satisfait). La notion de régime critique délimite donc deux catégories d'activités : celles qui peuvent être menées sans fatigue et celles où la fatigue apparaît obligatoirement. Fatigue et régime critique se définissent mutuellement.
Cependant, la fatigue ne se résume pas à une baisse de performance survenant lorsque l'activité se prolonge. Avant que ne survienne la diminution du taux d'activité, qui rend impossible la poursuite de l'action au régime initialement fixé, l'organisme vivant met en jeu des mécanismes de compensation (représentant une augmentation de l'incitation) ; ces derniers ont pour effet de maintenir le régime initial et de retarder le moment d'apparition de la fatigue. Ainsi, la phase terminale d'un travail musculaire est marquée par une chute de la force musculaire maximale, une augmentation de l'activité électrique du muscle, une élévation de la pression artérielle et de la fréquence des battements du cœur, l'apparition de tremblements et d'une incoordination motrice. De même, une tâche psychosensorielle peut se marquer à la longue par une augmentation du nombre des erreurs, des modifications de l'activité électrique cérébrale, spontanée ou provoquée.
La fatigue musculaire n'est pas « mesurable ». Tout au plus peut-on mettre en évidence une baisse de la capacité de travail pour un type d'activité donné.
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Écrit par
- Hugues MONOD : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du Laboratoire de physiologie du travail du C.N.R.S.
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