FATIGUE
Principales formes et causes
La fatigue musculaire survient après un travail musculaire, général ou local, de niveau et durée suffisants : l'épuisement est d'autant plus précoce que la puissance développée est grande. Au cours du travail local, la fatigue est liée à l'épuisement des réserves d'énergie intramusculaires, aux modifications biochimiques (acidité) survenant à l'intérieur des fibres musculaires, et à l'insuffisance de la circulation dans le muscle, laquelle apporte à celui-ci le glucose, les lipides et l'oxygène dont il a besoin ; ce dernier facteur prédomine dans le travail statique, qui comporte une diminution partielle ou totale de l'irrigation sanguine. Ce même mécanisme peut jouer chez le malade atteint d'artérite des membres inférieurs, qui présente une limitation de la durée de marche connue sous le nom de claudication intermittente. Au cours du travail général, une insuffisance des mécanismes de transport de l'oxygène s'ajoute aux facteurs locaux : la capacité d'adaptation des fonctions respiratoire et cardio-vasculaire possède ses propres limites.
On doit distinguer de la fatigue musculaire normale, survenant chez le sportif ou le travailleur de force, la courbature (phénomène douloureux consécutif à une activité musculaire inhabituelle par son niveau élevé et sa durée excessive) et la crampe (accidentelle ou professionnelle) due à la répétition d'un même geste ou au maintien d'une même posture, la force utilisée étant intense. Chez les sportifs, la méforme peut être considérée comme un état de fatigue lié à un surentraînement, se traduisant par une baisse des performances.
La fatigue nerveuse fait suite à une tâche mentale ou psychosensorielle. L'activité nerveuse consiste en un traitement d'information à un régime défini par la nature et la fréquence des signaux reçus, la complexité des choix et la nature des décisions à prendre. La fatigue se manifeste par l'impossibilité de suivre le régime initial, l'augmentation des erreurs ou des omissions. Elle peut être objectivée par des tests de coordination psychomotrice, de barrage, de choix binaire, de dégradation de l'écriture (J. W. Kalsbeck) ou par l'étude de l'activité électrique cérébrale (F. Lille). Elle correspond soit à une baisse de la vigilance lorsqu'une attention trop soutenue est demandée (fatigue de l'écolier), soit à une augmentation du seuil de sensibilité des organes sensoriels.
La fatigue auditive est mise en évidence sur un audiogramme établi chez le sujet qui vient d'être exposé au bruit. La baisse d'acuité auditive régresse progressivement ; ce caractère transitoire distingue la fatigue auditive de la surdité, baisse d'acuité définitive, liée à un processus pathologique ou à une exposition, notamment professionnelle, au bruit.
La fatigue écologique est celle de la vie en société, qui impose des rythmes artificiels (horaires de travail, prise des repas en commun et à heure fixe, déplacements, repos hebdomadaire...) et des contraintes psychologiques (milieu familial et de travail, logement...) qui interfèrent avec des rythmes biologiques naturels (nyctémère, saison, digestion, veille-sommeil...). Ces conditions de vie sociale rendent les individus plus sensibles à la fatigue musculaire ou nerveuse.
La fatigue pathologique accompagne de nombreuses affections ; il s'agit d'une fatigabilité musculaire ou nerveuse anormale ; elle apparaît pour des activités réalisées à très bas régime. L'insuffisance surrénale lente (ou maladie d' Addison) comporte un épuisement rapide, malgré une conservation assez bonne de la force musculaire : il s'agit d'un trouble des métabolismes glucidiques et hydrominéral. La myasthénie (ou maladie d'Erb-Goldflam) comporte une baisse de la force de contraction des [...]
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Écrit par
- Hugues MONOD : professeur à l'université de Paris-VI-Pierre-et-Marie-Curie, directeur du Laboratoire de physiologie du travail du C.N.R.S.
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