FAUNE SAUVAGE
Recensement des animaux sauvages
Devant le déclin accéléré de la biodiversité au niveau mondial, qui s'analyse comme la perte d'un véritable patrimoine naturel (raréfaction et disparition de certaines espèces, érosion des ressources génétiques animales et végétales, destruction des milieux), les instances politiques se sont engagées en mettant en place des lois nationales, des directives européennes et des conventions internationales. Ces engagements ont pris une autre dimension avec l'affichage d'un ambitieux objectif international annoncé lors du Sommet de la Terre à Johannesburg en 2002 : « Plus de perte significative de la biodiversité d'ici à 2010 ! »
L'évaluation d'un tel objectif repose, en particulier, sur un recensement des espèces, qui se décline à plusieurs niveaux (mondial, national et local) et recouvre deux dimensions : une dimension statique, l'inventaire des espèces présentes, et une dimension dynamique, le suivi dans le temps de la biodiversité.
Combien y a-t-il d'espèces animales sur la Terre ?
Quand on parle d'espèces vivantes, il faut bien distinguer deux chiffres : d'une part, celui qui correspond au nombre estimé d'espèces vivant sur Terre et, d'autre part, celui qui représente le nombre d'espèces réellement décrites, nommées et cataloguées (cf. tableau).
Compte tenu de l'extrême diversité et complexité du vivant, un bilan mondial ne peut résulter que d'estimations grossières. Nombre d'auteurs s'y sont essayés, chaque résultat apportant son lot de polémiques et entraînant des contre-expertises. Pour les espèces animales, la fourchette des estimations varie ainsi de 3 à 5 millions, selon le biologiste américain Peter Raven (1985), à 35 à 50 millions selon son compatriote zoologiste Terry Erwin (1988, 1997), la première évaluation étant sous-estimée compte tenu des connaissances acquises depuis la publication de ces chiffres et la seconde étant fortement contestée quant à la méthode même d'évaluation. Un bilan de toutes les études réalisées sur ce thème, effectué en 1999 par Robert May, conseiller pour la science du gouvernement britannique, conclut à une fourchette probable de 5 à 15 millions d'espèces.
De manière générale, les méthodes utilisées pour avancer ces chiffres sont à classer en trois catégories :
– Extrapolation fondée sur l'existence d'une proportion entre les espèces connues et inconnues. Cette technique a été utilisée par Raven qui a raisonné ainsi : il y a environ deux fois plus d'espèces d'oiseaux et de mammifères – groupes bien connus – dans les milieux tropicaux que tempérés ou boréaux ; et la majorité des espèces animales sont des insectes, dont on connaît assez bien le nombre pour les milieux tempérés et boréaux. En partant de l'hypothèse, grossière, que la proportion observée chez les vertébrés est généralisable aux insectes, Raven a obtenu le chiffre global de 3 à 5 millions d'espèces animales.
– Extrapolation à partir d'échantillonnages. C'est par exemple l'approche d'Erwin dont les travaux ont porté sur un échantillonnage d'insectes coléoptères des forêts du Panama récoltés après aspersion d'insecticide sur la cime des arbres. Ses estimations relèvent d'une analyse combinée du degré de stricte dépendance des espèces de coléoptères aux espèces d'arbres (de l'ordre de 20 p. 100 selon ses estimations, ce pourcentage étant controversé), de la proportion de coléoptères par rapport à l'ensemble des arthropodes (de l'ordre de 40 p. 100), de la richesse moyenne d'une forêt tropicale en espèces d'arbres (de l'ordre de 70 espèces par hectare). Il en dérive un chiffre de l'ordre de 30 millions d'arthropodes tropicaux et conclut à une fourchette de l'ordre de 35 à 50 millions d'espèces animales au total.[...]
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Écrit par
- Romain JULLIARD : chargé de recherche à l'unité de biologie de la conservation, Centre de recherche sur la biologie des populations d'oiseaux, Muséum national d'histoire naturelle
- Pierre PFEFFER : directeur de recherche honoraire au C.N.R.S.
- Jean-Marc PONS : maître de conférences, Laboratoire de zoologie mammifères et oiseaux, Muséum national d'histoire naturelle
- Dominique RICHARD : professeur de lettres classiques
- Alain ZECCHINI : journaliste scientifique, expert de l'Union mondiale pour la nature
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