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COPPI FAUSTO (1919-1960)

Un homme brisé

La vie privée de Fausto Coppi va également diviser une Italie où le catholicisme occupe une place centrale. Marié depuis 1945 à Bruna Ciampolini, qu'il a connue cinq ans plus tôt, Fausto Coppi rencontre en 1953 Giulia Occhini, qui sera bientôt connue sous le sobriquet de « Dame blanche ». Elle est napolitaine et l'épouse d'un médecin, le docteur Locatelli. Fausto Coppi a une fille ; Giulia Occhini a deux enfants. Leur idylle éclate au grand jour quand Fausto Coppi quitte le domicile conjugal, le 20 juin 1954, pour aller vivre avec Giulia. La renommée du Campionissimo est telle que le Saint-Siège s'émeut de la situation. On craint en effet, au Vatican, que le camp laïc ne se serve de cet adultère assumé pour remettre en cause le système matrimonial italien, où le mariage religieux est la règle et le divorce interdit. La justice des hommes se saisit de l'affaire. Le 12 mars 1955 s'ouvre le procès Coppi-Occhini, intenté par le docteur Locatelli pour « abandon du domicile conjugal et conduite contraire à la morale et à l'ordre familial ». Fausto Coppi est condamné à deux mois de prison, Giulia Occhini, à trois mois, les peines étant assorties du sursis. Le couple aura un fils, Faustino, qui ne portera pas le nom de Coppi. Suprême affront : en 1955, le Giro fait étape à Rome. Dans la Ville sainte, contrairement à la tradition, Pie XII refuse de bénir le peloton, dans les rangs duquel figure un pécheur dont les fautes étaient avouées et connues de tous.

Fausto Coppi continue de courir pour entretenir ses familles, monnayant plus sa notoriété que ses résultats ; il se produit même dans des émissions de télévision populaires. En décembre 1959, il part pour l'Afrique disputer un critérium à Ouagadougou. Il y contracte la malaria. De retour en Italie, les médecins de Tortona le soignent pour ce qu'ils considèrent être une pneumonie. Coppi décède le 2 janvier 1960. Avec Coppi, ce n'est ni un champion ni un homme qui disparaît : c'est un mythe. Le terme campionissimo ne sera plus jamais employé pour qualifier quiconque.

— Pierre LAGRUE

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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Fausto Coppi, le campionissimo, 1952 - crédits : Pathé

Fausto Coppi, le campionissimo, 1952

Fausto Coppi et Gino Bartali, 1949 - crédits : AFP

Fausto Coppi et Gino Bartali, 1949

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