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FED (Federal Reserve System ou Système fédéral de réserve américain)

Une politique monétaire activiste

La décennie 1970 marque un changement radical dans la gestion du système monétaire et bancaire des États-Unis. La grande inflation qui commence au milieu des années 1960 conduit le Fed à adopter une politique plus énergique, qualifiée parfois même d'activiste, pour, à la fois, contrer l'inflation et soutenir l'emploi. Encore restreinte par les contraintes du gold exchange standard, la banque centrale profite de l'effondrement du système des changes fixes, en 1971-1973, pour inventer une politique monétaire sans ancrage nominal. Elle n'y parvient avec quelque efficacité que depuis les années 1990.

L'inflation provoque aussi une volatilité accrue des taux d'intérêt, parfois accentuée par la politique de la banque centrale, qui entre en conflit avec les objectifs des institutions de dépôt. Les marges d'intermédiation se dégradent au point de provoquer une vague de faillites, sans précédent depuis la grande dépression des années 1930. Tour à tour, des centaines de caisses d'épargne (savings and loan associations), puis de banques commerciales, souffrent de défaillance, obligeant les organismes fédéraux à organiser des sauvetages d'urgence, mais le Fed intervient peu comme prêteur en dernier ressort. Le coût supporté par les organes fédéraux d'assurance des dépôts est tel qu'il conduit en 1989 et 1991 à restructurer le filet de sécurité des établissements financiers en y introduisant des contraintes de fonds propres inédites jusqu'alors, ainsi que des éléments de discipline de marché.

La grande inflation

Une poussée d'inflation accompagne la guerre du Vietnam et conduit le Fed, en décembre 1965, à relever le taux d'escompte, signalant ainsi la fin de la politique monétaire accommodante en vigueur depuis l'accord de 1951. Se succèdent alors des alternances de restriction ou d'expansion monétaire (stop and go policy) plus ou moins intenses. Le niveau moyen de l'inflation augmente cependant de manière régulière jusqu'à la fin des années 1970, où il atteint 12 p. 100. Le Trésor est également aux prises avec les tensions sur le dollar nées de la baisse des réserves d'or sollicitées par les créanciers étrangers. L'illiquidité de la position monétaire extérieure de la nation qui en résulte oblige les États-Unis à limiter, avec un succès mitigé, l'inflation et la poursuite de la croissance interne. Il devient nécessaire, pour les grandes banques, d'emprunter, par émission de certificats de dépôts négociables de gros montant, les eurodollars placés par les détenteurs étrangers dans leurs filiales à Londres ou Francfort. Dès 1966, le Fed est obligé d'assouplir les plafonds de taux d'intérêt de la réglementation Q et d'abroger les réserves obligatoires sur ces dépôts en eurodollars, pour éviter d'assécher la trésorerie des banques. Devenu inconvertible en 1971, puis flottant en 1973, le dollar traverse une phase d'instabilité vis-à-vis du deutschemark et du yen.

La hausse des taux d'intérêt nominaux et réels, la restriction du crédit qui accompagnent le retour de l'inflation conduisent les banques et les autres institutions financières à multiplier les efforts pour contourner les carcans réglementaires qui gênent leur adaptation à un environnement profondément modifié. Les banques tendent à reporter vers le marché (attractif par sa souplesse et ses moindres coûts) des opérations qui figurent traditionnellement dans leur bilan. Devant le faible rendement que représentent les taux d'intérêt plafonnés des dépôts, les établissements multiplient les innovations susceptibles d'enrayer la désaffection de la clientèle.

Ainsi, les caisses d'épargne proposent, dès 1972, des comptes chèques couplés avec des comptes à terme rémunérés, ou des[...]

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Écrit par

  • : professeur de sciences économiques à l'université de Bordeaux-IV-Montesquieu, directeur du Groupe de recherche en analyse et politique économiques, unité mixte du C.N.R.S. 5113

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Média

Alan Greenspan - crédits : Chris Maddaloni/ Roll Call/ CQ-Roll Call, Inc./ Getty Images

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