FÉDÉRATION SYNDICALE INTERNATIONALE (FSI)
Très tôt le mouvement syndical a senti la nécessité de se regrouper par-delà les frontières nationales. Mais les premières associations se forment sur la base des fédérations de métiers : ainsi se créent les fédérations professionnelles internationales des mineurs, des métallurgistes, des travailleurs des transports. De nombreuses tentatives, émanant notamment des centrales syndicales scandinaves, échouent à donner au mouvement syndical une structure internationale. Ce n'est qu'en 1901, à Copenhague, qu'un premier succès est enregistré : l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, la France et les pays scandinaves décident la création d'un Secrétariat syndical international qui représente ainsi 1 168 000 syndiqués à sa naissance, 7 700 000 en 1913. Contre l'avis des syndicats espagnols, français et italiens qui voudraient voir le Secrétariat intervenir dans le champ de la politique, notamment sur les thèmes de la grève générale comme moyen d'émancipation ouvrière et de l'antimilitarisme, la majorité des pays représentés décide que ce secrétariat ne sera que « technique » : sorte de moyen d'échange d'informations et organe d'entraide internationale. En 1907, le Secrétariat syndical international se qualifie lui-même de « conférence de fonctionnaires syndicaux ». L'intervention politique est laissée aux partis politiques regroupés dans la IIe Internationale.
En 1913, la croissance du mouvement ouvrier international aboutit à la création de la Fédération syndicale internationale ; elle regroupe l'ensemble des centrales existantes et les fédérations professionnelles internationales qui avaient jusqu'alors gardé leur autonomie. Trois tendances se distinguent : le trade-unionisme des pays anglo-saxons, très marqué par le corporatisme ; le syndicalisme scandinave et germanique, de loin le plus puissant, dont la perspective socialiste est claire, mais dont la réalisation est totalement abandonnée aux partis politiques ; enfin le syndicalisme révolutionnaire des organisations française, italienne et espagnole, très minoritaires.
Le premier conflit mondial entraîne la cassure de la toute jeune fédération. Comme le mouvement socialiste, le syndicalisme se montre impuissant à jouer un rôle dans le règlement du conflit : et ce sont en fait deux fédérations internationales qui s'affrontent.
Après la guerre, la Fédération syndicale internationale, réunifiée à Amsterdam en 1919, joue un rôle politique croissant. La coexistence de trois Internationales socialistes interdit, en effet, au mouvement ouvrier toute initiative politique commune à l'échelle internationale. C'est donc la F.S.I. qui reprend ce rôle, presque malgré elle. Elle tient une place importante dans l'élaboration des traités de paix, dans la création de la Société des Nations et surtout dans l'établissement d'une législation internationale du travail : elle est à l'origine de la Charte du travail et de l'Organisation internationale du travail.
Cependant, la F.S.I. voit se dresser en face d'elle une redoutable concurrente : l'Internationale syndicale rouge, créée à l'initiative de l'U.R.S.S., qui lui arrache huit millions de syndiqués entre 1921 et 1927, sur les vingt millions qu'elle représentait. En effet, le réformisme de la F.S.I., qui confine à la collaboration de classes, sa trop grande intégration dans les organismes internationaux, ne répondent pas aux aspirations des masses dans l'immédiat après-guerre. Par ailleurs, elle perd très vite, sur sa droite, les centrales syndicales américaines qui la jugent « trop socialiste » et qui se trouvent entraînées dans le mouvement de repliement politique qu'effectuent les pays américains à cette époque.
Impuissante face à la crise de 1924 (occupation de la[...]
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Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
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