FÉDÉRATION SYNDICALE MONDIALE (FSM)
La montée des fascismes avive, à la fin des années 1930, le désir d'unité des forces syndicales à l'échelle mondiale ; aussi l'Internationale syndicale rouge décide-t-elle de disparaître en vue de rejoindre la Fédération syndicale internationale (F.S.I.). Mais survient la guerre et les choses en restent là. Des initiatives prises dès 1942 par diverses centrales syndicales, européennes et américaines, en vue de reconstituer une internationale, aboutissent cependant à la conférence de Londres (du 6 au 17 févr. 1945).
À celle-ci, trois tendances se dessinent : les syndicats soviétiques et les syndicats européens sympathisants (dont la France et l'Italie) ; les syndicats nord-américains, menés par le Congress of Industrial Organizations (C.I.O.), la plus grande centrale américaine, l'American Federation of Labor (A.F.L.), ayant refusé de participer ; une tendance centriste, très réticente face à l'enthousiasme unitaire qui s'exprime à cette conférence, est représentée par les syndicats de Grande-Bretagne, des pays nordiques et des pays neutres.
L'ordre du jour de la conférence comporte, outre l'intensification de la lutte contre les régimes fascistes, les problèmes de la paix et de l'organisation d'une force internationale (O.N.U.) où le mouvement syndical (« le cinquième grand ») ait sa place. Staline comme Roosevelt désirent une organisation unique. C'est de ce vœu commun que naît la Fédération syndicale mondiale. La F.S.I. décide alors sa dissolution pour s'intégrer dans la nouvelle F.S.M.
Le congrès constitutif s'ouvre à Paris le 25 septembre 1945, au Palais de Chaillot, dans une ambiance internationale transformée par la victoire des armées alliées ; mais Roosevelt est mort et avec lui la volonté politique d'intégrer l'Union soviétique dans la communauté internationale ; les mêmes résistances subsistent quant aux effectifs déclarés par les syndicats d'Europe de l'Est, mais aussi quant à la volonté centralisatrice qui domine le congrès (les Secrétariats professionnels internationaux devront s'intégrer dans l'Internationale syndicale et renoncer à l'autonomie qu'ils avaient gardée jusqu'alors vis-à-vis de la F.S.I.). Cependant ces résistances restent minoritaires devant l'appel des syndicats américains et soviétiques et des centrales syndicales procommunistes à l'unité. La Fédération se dote de structures : un congrès souverain qui se réunit tous les deux ans ; un conseil général élu par les organisations membres — groupant plus d'un million d'adhérents ; un comité exécutif de vingt-cinq membres et un bureau dont les présidents seront Citrine puis Deakin, syndicalistes anglais, le secrétaire général étant Louis Saillant, délégué par la C.G.T. française.
La jeune Fédération va connaître une série d'échecs qui aboutiront à la scission de 1949 : l'A.F.L. qui a refusé de s'y intégrer, l'accusant d'être le « cheval de Troie » du communisme, crée le Free Trade Union Comitee (Comité pour un mouvement syndical libre), qui veut être un concurrent de la F.S.M., et organise la résistance des Secrétariats professionnels à leur intégration ; enfin, la F.S.M. échoue à intégrer la Confédération internationale des syndicats chrétiens (C.I.S.C.). Sur le plan international, les espérances de la Fédération sont également déçues : elle n'est pas admise de droit au Conseil économique et social de l'O.N.U. et le rôle consultatif qu'elle obtient la place à égalité avec l'A.F.L. Le plan Marshall, ressenti par la gauche de la F.S.M. comme une volonté de colonisation de l'Europe occidentale, le « coup de Prague », la création par Moscou du Kominform cristallisent les oppositions : lors de la réunion du Bureau du 19 janvier 1949, les syndicats anglo-américains demandent[...]
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Écrit par
- Paul CLAUDEL : maître en histoire et géographie
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