Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

GARCÍA LORCA FEDERICO (1898-1936)

Federico García Lorca - crédits : Prismatic Pictures/ Bridgeman Images

Federico García Lorca

Poète, dramaturge, homme de théâtre, « animateur », pour son temps, de la culture la plus vivante, mais surtout de la sensibilité et de la compréhension artistiques de son pays, Federico García Lorca est un créateur d'importance historique et de renommée mondiale. Malgré bien des vicissitudes, esthétiques et politico-sociales, il continue de résister aux malentendus, aux censures, aux étiquetages et aux enthousiasmes les plus divers.

La clé de cette fortune comme de cette intégrité, un poète ami (Juan Marinello) l'a donnée : « Quand un homme, une fois, se donne, pleinement et en vérité, à l'appel de ce qu'il est hic et nunc, il se livre pour toujours, et de partout on le découvre. » Fils de la bourgeoisie libérale aisée de sa province, « poète de naissance, irrémédiablement » et ne se voulant pas autre chose, s'étant situé une fois pour toutes du côté « de ceux qui n'ont rien et à qui on dénie jusqu'à la tranquillité du néant », pour avoir suivi jusqu'au bout la logique de cette triple condition, il a pu rester proche et vivant. Du même coup, il demeure pour tous un témoin privilégié et engagé de la vie changeante, des échecs dramatiques, de l'espérance obstinée de son peuple et de son époque.

L'expression poétique, nécessité sociale

Une présence trop brève

Il naît à Fuentevaqueros, près de Grenade, à l'heure où l'Espagne vaincue cède Cuba aux États-Unis en pleine expansion vers l'Amérique latine. Sans jamais perdre un contact vital avec sa terre et sa famille, il s'établit vers sa vingtième année dans la moderne Résidence des étudiants de Madrid. Il a renoncé à la carrière musicale. Il achève ses études de droit et de lettres ; mais, surtout, il ouvre ses fenêtres à la vie, à l'art et à la pensée de son temps, il se voue au métier de poète – lyrique, dramatique, voire « graphique » –, il se fait promoteur, conjointement, de l'avant-garde artistique européenne et de la plus profonde tradition nationale.

Une année au Nouveau Monde (1929-1930 : New York, puis Cuba) lui apporte le recul qui s'imposait face à des problèmes personnels lancinants, à la fois sexuels, sociaux et esthétiques. C'est alors, de concert avec l'effort d'épanouissement culturel de la IIe République, la période la plus heureuse et la plus active de sa vie ; il écrit, il est joué, il dirige à travers l'Espagne la compagnie théâtrale universitaire La Barraca. Il prend parti comme écrivain devant la montée des fascismes, guerre et oppression. Il en meurt (19 août 1936), fusillé à Grenade, sous l'autorité franquiste, tout au début de la guerre civile, comme mourront bientôt plus de dix mille hommes de sa province.

Communiquer pour vivre

Aimer et être aimé. Comprendre et être compris. C'est toujours pour lui la même nécessité, la même difficile vocation, l'origine de la même quête passionnée.

Son premier livre, Impresiones y paisajes (1918 : Castille, Galice, haute Andalousie), son juvénile Libro de poemas (1921) sont nés de ce besoin et l'expriment sans cesse. Dès lors et jusqu'au bout, il y voit la source de tout art, la raison de sa soif d'expression lyrique, l'explication même de son tempérament dramatique. Il l'affirme jusque dans ses dernières déclarations (oct. 1935, févr. et juin 1936).

Au départ, le sentiment d'une séparation : qu'elle vienne d'une faute initiale ou d'un premier malheur, elle n'aura de fin, pense-t-il, que dans la mort, rupture et mal définitifs. Les seuls remèdes : l'amour sous toutes ses formes possibles, et l'acte répété, transmis, de la création artistique, qui est œuvre d'amour et d'autodiscipline, « communication d'amour ».

Le verbe poétique, lien d'amour

L'art de Lorca reste toujours[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Média

Federico García Lorca - crédits : Prismatic Pictures/ Bridgeman Images

Federico García Lorca

Autres références

  • ESPAGNE (Arts et culture) - La littérature

    • Écrit par , et
    • 13 749 mots
    • 4 médias
    ...Guillén, scrupuleux, difficile, passionnément épris de pureté, avide de manifester l'évidence de l'univers, sa présence, son présent ; Federico García Lorca, dont l'exécution à Grenade, sa patrie, par les troupes franquistes, fera une figure symbolique de l'éternelle condition tragique...
  • JIMÉNEZ JUAN RAMÓN (1881-1958)

    • Écrit par
    • 1 636 mots
    • 1 média

    À un journaliste qui lui demandait quels étaient ses poètes préférés de l'actualité espagnole, Federico García Lorca répondit : « Il y a deux maîtres : Antonio Machado et Juan Ramón Jiménez. » C'était en 1936. Pour caractériser le second, dans une de ces reparties fulgurantes dont...

  • NERUDA PABLO (1904-1973)

    • Écrit par et
    • 3 615 mots
    • 2 médias

    Auprès de Gabriela Mistral, de César Vallejo, de Nicolas Guillén, le Chilien Pablo Neruda représente une des voix les plus prestigieuses de la poésie contemporaine d'Amérique latine. Dans Le Chant général, son chef-d'œuvre, il a su, dépassant le cadre étroit de son pays, devenir le chantre...

  • POÈTE À NEW YORK, Federico García Lorca - Fiche de lecture

    • Écrit par
    • 784 mots
    • 1 média

    Poète à New York fut écrit par Federico García Lorca (1898-1936), dans la ville de New York en 1929-1930. Certaines des pièces rassemblées sous ce titre, dans une édition posthume, étaient peut-être destinées à un autre recueil, intitulé Tierra y luna. García Lorca venait alors de traverser...