BARBIERI FEDORA (1920-2003)
Le 3 novembre 2000, la mezzo-soprano italienne Fedora Barbieri fêtait au Teatro del Maggio Musicale de Florence ses soixante ans de carrière en interprétant, à quatre-vingts ans, une ultime Mamma Lucia (Cavalleria rusticana de Mascagni). Son exceptionnelle longévité vocale lui a valu de triompher dans quelque cent dix rôles. L'éclat sombre de son timbre d'airain, la profondeur abyssale de son registre grave, mais aussi la vivacité d'un tempérament aussi à l'aise dans le drame que dans la comédie en ont fait l'une des mezzo lyriques les plus acclamées de son époque.
Fedora Barbieri naît le 4 juin 1920 à Trieste. Elle commence des études de chant dans sa ville natale sous la férule du directeur du Conservatoire Federico Bugamelli et du chef d'orchestre Luigi Toffolo et les poursuit à Milan avec la soprano Giulia Tess. Elle débute sur scène au Teatro Comunale de Florence, dans le rôle de Fidalma (Le Mariage secret de Cimarosa), le 4 novembre 1940, et, le lendemain, dans celui d'Azucena (Le Trouvère de Verdi), où elle remplace Gianna Pederzini, indisposée. Les succès se multiplient en Italie puis, en 1943, en Allemagne, en Belgique et aux Pays-Bas. Elle épouse cette même année le chef d'orchestre Luigi Barzoletti, directeur du Mai musical de Florence, et abandonne les planches pendant deux ans. En 1945, elle fait un retour triomphal à Florence en Azucena.
Sur les plus grandes scènes d'Europe et des Amériques – Scala de Milan, Teatro Regio de Turin, Opéra de Paris, Covent Garden de Londres, Staatsoper de Vienne, Metropolitan Opera de New York, Opéra de San Francisco, Lyric Opera de Chicago, Teatro Colón de Buenos Aires –, elle sera pendant de nombreuses années la plus prestigieuse interprète des héroïnes verdiennes de sa tessiture : Ulrica (Un bal masqué) de 1943 à 1969, Preziosilla (La Force du destin) de 1946 à 1957, Eboli (Don Carlo) de 1950 à 1956, Amneris (Aïda) de 1946 à 1958, Azucena (Le Trouvère) de 1945 à 1956 et Mrs. Quickly (Falstaff), son rôle fétiche, de 1949 à ...1981 ! On l'applaudit également dans Rossini (Angelina de La Cenerentola, à la Scala de Milan en 1946 et 1966) et Bizet (rôle-titre de Carmen, où elle s'illustre en 1948 à la Scala de Milan et en 1957 aux Arènes de Vérone, dont elle fut une partenaire régulière de 1955 à 1958). Membre éminent de la troupe du Metropolitan Opera de New York (de 1950 à 1954, puis en 1956), elle s'y fait admirer dans Cherubini, Donizetti, Ponchielli et Puccini. Ce prestigieux parcours lui permettra de côtoyer l'élite du chant de son temps – les sopranos Zinka Milanov, Elisabeth Schwarzkopf, Renata Tebaldi, Leontyne Price, Beverly Sills, Anna Moffo, Mirella Freni, les ténors Jussi Björling, Ramón Vinay, Mario Del Monaco, Franco Corelli, Nicolai Gedda, Jon Vickers, Luigi Alva, Plácido Domingo, les barytons Leonard Warren, Tito Gobbi, Giuseppe Taddei, Sherill Milnes, Renato Bruson, les basses Boris Christoff, Fernando Corena... – et la fine fleur des chefs d'orchestre : Arturo Toscanini, Wilhelm Furtwängler, Victor De Sabata, Antonio Guarnieri, Fritz Reiner, Dimitri Mitropoulos, Arthur Rodzinski, Leonard Bernstein, Vittorio Gui, Carlo Maria Giulini, Tullio Serafin, Gabriele Santini, Lorin Maazel, James Levine, Peter Maag, Georges Prêtre, Claudio Abbado...
Fedora Barbieri a beaucoup fréquenté les studios d'enregistrement, et cela jusqu'à un âge très avancé (1990). De son abondante discographie émergent quelques indiscutables références : le Requiem de Verdi avec Herva Nelli, Giuseppe Di Stefano et Cesare Siepi sous la direction enflammée d'Arturo Toscanini à la tête de l'Orchestre symphonique de la N.B.C. (1951) ; Le Trouvère (rôle d'Azucena, avec Zinka Milanov – Leonora –, Jussi Björling – Manrico – et Leonard Warren – Conte di Luna –, sous la direction de Renato Cellini, 1952 ; avec [...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre BRETON : musicographe
Classification