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PEDRELL FELIPE (1841-1922)

L'influence de Felipe Pedrell, compositeur, historien, musicologue, critique espagnol, d'origine catalane, fut et demeure considérable — à côté de celle de son contemporain Francisco Asenjo-Barbieri (1823-1894) — sur l'entrée de la musique espagnole dans le mouvement esthétique moderne. Son élève, Manuel de Falla, a écrit à son sujet : « Pedrell fut un maître dans toute l'acception du mot : par sa parole et par son exemple, il a montré et ouvert aux musiciens d'Espagne un chemin que l'on croyait déjà fermé sans espoir, au début du siècle dernier, pour la musique nationale. » Wagner avait salué en lui l'artiste qui, seul, avait restitué à son pays une place de premier plan. Ce n'est pas un mince mérite ; mais l'Espagne demeure ingrate envers sa musique.

Enfant de chœur à Tortosa, sa ville natale, il étudia la musique avec Juan Mir ; à la cathédrale, il connut dès son enfance quelques pages de la musique polyphonique de tradition hispanique. Cependant, il est avant tout un autodidacte doué d'une prodigieuse capacité de travail : « Il composa, écrivit, édita, rédigea des catalogues, fouilla les archives, fut chef d'orchestre, académicien, enseigna pendant trente ans au Conservatoire de Madrid et jeta à lui seul les bases de la musicologie espagnole contemporaine » (D. Devoto). Prenant à son compte le principe énoncé par le jésuite Eximeno (xviiie s.) : « C'est sur la base des chansons populaires nationales que chaque peuple doit construire son système musical », Pedrell sut rechercher les traditions dont il avait subi les influences dès son jeune âge, influences populaires paysanne, villageoise (chansons de métier) et prolétarienne à la fois. Il commença de composer à l'âge de quinze ans (musique religieuse) ; il ne quitta sa région natale tarragonaise qu'à dix-huit ans pour visiter la capitale catalane, Barcelone. Le premier opéra national qu'il composa, L'Ultimo Abenzerragio (1874) ignore encore le folklore. Sur la douzaine d'opéras qu'il écrivit, il convient de citer la trilogie Els Pireneus, La Celestina et Ramón Llull, El Conde Arnau, La Matinada. On peut rappeler sa musique de scène (Le Roi Lear de Shakespeare), le Requiem, le Te Deum, ainsi que des œuvres symphoniques telles que Lo Cant de los montanyes, Excelsior, I Trionfi, Marcha de la Coronación a Mistral, ou des mélodies (Orientales, Consolations, Canciones arabescas). Ses écrits littéraires fort nombreux eux aussi portent aussi bien sur l'histoire du passé que sur l'action à entreprendre dans le présent. Le manifeste Por nuestra música porte en sous-titre : « Quelques observations sur la grande question d'une école lyrique nationale » ; il y définit le drame lyrique national : « Le lied développé dans les proportions voulues par le drame ; c'est le chant populaire transformé. » En 1894, paraît son premier travail lexicographique : Diccionario técnico de la música (Barcelone), suivi des premiers fascicules du Diccionario biográfico-bibliográfico de los músicos españoles (1894-1897), de l'Emporio científico e histórico de organografía musical antigua española (Barcelone, 1901), des deux volumes Catálech de la biblioteca de la Disputació de Barcelona (1908-1909), de son étude sur Las Formas pianísticas (2 vol., Madrid, 1918). Ses articles et ses monographies sur des sujets fort divers sont innombrables. Il étudie Vitoria qu'il réédite en huit volumes (1902-1912), publie une anthologie de l'ancienne musique espagnole depuis les Cantigas d'Alfonso el Sabio jusqu'au xviiie siècle, édite quatre volumes du Cancionero musical popular español (1919-1922), Salterio sacro hispano (1882-1905), Hispaniae schola musica sacra (8 vol., 1894-1896), El Teatro lírico en España (1896-1899), La Música religiosa en España[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Autres références

  • ALBÉNIZ ISAAC (1860-1909)

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  • ESPAGNE (Arts et culture) - La musique

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