DUJARDIN FÉLIX (1801-1860)
Naturaliste français, né à Tours dans une famille d'horlogers, dont il hérite sans doute son habileté et sa remarquable dextérité manuelle. Il échoue au concours d'entrée à Polytechnique, étudie la peinture avec François Gérard et se passionne pour l'histoire naturelle. Pour vivre, il est bibliothécaire à Tours et, lorsqu'en 1826 un enseignement des sciences appliquées est créé dans cette ville, il est chargé des cours de géométrie, puis, en 1829, des cours de chimie, grâce auxquels il dispose d'un laboratoire. De ses nombreuses excursions dans la région il tire la matière d'une Flore complète d'Indre-et-Loire et des Promenades d'un naturaliste (1838). Attiré par la zoologie, il vient l'étudier à Paris et gagne sa vie en écrivant des articles de revue, tandis que sa femme, peintre elle-même, vend ses tableaux. En 1839, il obtient la chaire de géologie et de minéralogie à la faculté des sciences de Toulouse et, l'année suivante, celle de zoologie et de botanique à la nouvelle faculté de Rennes, dont il devient le doyen en 1842. Victime de l'incompréhension et des persécutions mesquines de ses collègues, vivant dans une pauvreté presque ascétique, il y poursuivra jusqu'à sa mort ses travaux révolutionnaires sur les organismes inférieurs.
Il avait étudié, en 1834, les animaux marins microscopiques et il put mettre en évidence la nature animale et non végétale des éponges, ranger les bactéries avec les animaux et non avec les algues. Dans Observations sur les rhizopodes (1835), il classe les foraminifères et les infusoires dans les protozoaires et non parmi les mollusques. À cette époque, l'emploi de lentilles achromatiques a augmenté le pouvoir de résolution du microscope. Partout, on examine des tissus et partout on voit des vésicules, des utricules, des cellules plus ou moins serrées, plus ou moins cimentées entre elles : « La netteté obtenue avec des grossissements de 300 à 400 diamètres, écrit-il en 1841, nous a appris à chercher avec nos yeux la vraie forme et la structure des corps, au lieu de les deviner à travers un contour diffus et nébuleux. » Il reconnaît ainsi que certains foraminifères ne possèdent pas d'organes distincts, mais une simple goutte de substance « glutineuse, diaphane, insoluble dans l'eau, s'attachant aux aiguilles de dissection, se contractant en masses globuleuses et se laissant étirer comme des mucus » (Recherches sur les organismes inférieurs, 1835). Il découvre ainsi la matière vivante à laquelle il donne le nom de « sarcode », qui a été détrôné par celui de « protoplasme », employé en 1839 par Purkinje. Il a été, de ce fait, à l'origine de la théorie cellulaire. En outre, la polémique violente qu'il entretient avec l'Allemand C. G. Ehrenberg, qui attribue aux protozoaires une structure anatomique compliquée et tout un système d'organes, attire l'attention des savants.
Il publie en 1841 l'Histoire naturelle des zoophytes infusoires et en 1844 son Histoire naturelle des helminthes ou vers intestinaux, qui est à la base des travaux de parasitologie. Ses connaissances profondes en optique (son Manuel de l'observateur au microscope décrit les perfectionnements qu'il y apporta), en physique et en chimie, alliées à sa méthode rigoureuse de travail, ont permis à Dujardin d'enrichir de nombreux domaines : hématologie, parasitologie, protistologie, zoologie. Son œuvre, méconnue au xixe siècle, est admirée aujourd'hui. La faculté des sciences de Rennes conserve ses manuscrits, illustrés de nombreuses planches en couleurs et de dessins que son talent de peintre lui permettait de joindre à ses textes.
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Écrit par
- Jacqueline BROSSOLLET : archiviste documentaliste à l'Institut Pasteur, Paris
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