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FÉNÉON FÉLIX (1861-1944)

Critique et amateur d'art, Félix Fénéon fut aussi, avec discernement, un lecteur et éditeur exigeant. Il naît à Turin (Italie) en 1861, de parents bourguignon par son père et suissesse valaisanne par sa mère. Après de brillantes études à Cluny puis à Mâcon, il rejoint après concours le ministère de la Guerre en 1880. Dans le bouillonnement intellectuel de l'époque, littéraire, politique, artistique, il collabore ou crée des revues littéraires, notamment La Libre Revue (1883) et la Revue indépendante (1884). C'est donc tout naturellement qu'il fréquente alors Joris-Karl Huysmans, Jules Laforgue, Stéphane Mallarmé, Paul Verlaine, John Antoine Nau (premier prix Goncourt), Émile Zola, ainsi que les peintres Paul Gauguin, Maximilien Luce, Camille Pissarro, Georges Seurat, Paul Signac, auteur d'une toile démonstrative d'une nouvelle esthétique scientifique le représentant : Sur l'émail d'un fond rythmique de mesures et d'angles, de tons et de teintes, portrait de M. Félix Fénéon en 1890. De ces fréquentations naît le manifeste d'une nouvelle peinture, pointillisme ou néo-impressionnisme, Les Impressionnistes en 1886. C'est le seul ouvrage publié de son vivant, si on excepte les traductions, en collaboration, des Lettres d'Edgar Allan Poe (La Revue blanche, 1895), Catherine Morland d'après Jane Austen (1899) et Un adolescent de F. M. Dostoïevski (1902).

Félix Fénéon à la Revue blanche, F. Vallotton - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Félix Fénéon à la Revue blanche, F. Vallotton

La politique ne le laisse pas indifférent. À la suite d'un attentat, il se trouve impliqué, avec des compagnons anarchistes, en août 1894, dans ce qui sera appelé « le procès des trente ». Acquitté, il rejoint en 1895 La Revue blanche des frères Natanson dont il est selon André Gide le « sûr et subtil pilote du bâtiment ». À La Revue blanche il côtoie Guillaume Apollinaire, Alfred Jarry, Paul Valéry, Léon Blum, Oscar Wilde, les peintres Pierre Bonnard, Henri de Toulouse-Lautrec, Édouard Vuillard, Kees Van Dongen, qui tous feront son portrait. Bien avant Zola, il s'engage parmi les tous premiers, avec l'équipe de La Revue blanche, dans la défense d'Alfred Dreyfus. La revue des Natanson s'éteint en 1903. Fénéon fait alors un passage au Figaro puis devient échotier de faits divers au Matin. Il développe pour ce quotidien un style de compte rendu peu commun : les nouvelles en trois lignes. Tout faits divers peut se réduire en peu de mots, ce quelle que soit sa dimension tragique, lui donnant de la sorte une forme d'humour noir, par exemple : « Éteint l'incendie de la boulangerie Deschamps, à Limoges, on constata que la boulangère avait été brûlée vive » ; « Le domestique Launois a, par inattention, tué son maître, M. Paul Lebrun, de Grauves (Marne), dont il nettoyait le fusil » ; « Comme M. Poulbot, instituteur à l'Île-Saint-Denis, sonnait pour la rentrée des écoliers, la cloche chut, le scalpant presque ».

En novembre 1906, tournant dans sa carrière, Félix Fénéon entre à la galerie Bernheim-Jeune, à la section art moderne qu'il contribue à créer. Dès janvier 1907, il organise une exposition particulière des peintures à l'aquarelle ou à l'huile de Signac, puis en 1910 une rétrospective Henri Matisse. Suivent les rétrospectives consacrées à Henri Edmond Cross, Van Gogh et Seurat à laquelle collabore activement Signac. Kees Van Dongen rejoint la galerie Bernheim en 1908. Fénéon est à l'initiative en 1912 de la première exposition futuriste italienne, dont le catalogue donne l'occasion aux participants de représenter à nouveau leur manifeste. Une conférence de Marinetti donnée à la galerie sera l'occasion d'échauffourées. Les expositions s'enchaînent rapidement, pratiquement une tous les quinze jours : Vuillard, Bonnard, Henri Rousseau... La galerie se dote d'une revue, Le Bulletin de la vie artistique, dont Fénéon[...]

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Félix Fénéon à la Revue blanche, F. Vallotton - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Félix Fénéon à la Revue blanche, F. Vallotton

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