ZIEM FÉLIX FRANÇOIS GEORGES (1821-1911)
Pour beaucoup, le nom de Félix Ziem se confond avec une manière et avec des sujets invariables : des rues de Venise ou de Constantinople, un faire situé quelque part entre Canaletto et Turner, le tout impavidement recommencé pendant une carrière prolongée. Certes, le peintre n'est pas très varié, certes, il a trop produit, mais on ne saurait plus sous-estimer un talent aussi réel et méconnaître les raisons d'un succès aussi durable.
L'homme d'abord est curieux et finalement sympathique. Né à Beaune, Ziem est le fils d'un cavalier croate séduit par la Bourgogne lors de l'invasion de 1814 ; il fait ses études d'architecte et choisit surtout de voyager, gagnant sa vie comme musicien ambulant aussi bien que comme peintre. Il parcourut ainsi l'Italie, l'Espagne, la Turquie, l'Inde, mais aussi la Hollande, revenant maintes fois à ses paysages préférés : Venise et Constantinople, qu'il reconstruira même dans ses résidences françaises, à Martigues où il se recompose une « Corne d'Or », à Paris, 72, rue Lepic, où, comme Loti, il se fait un atelier tout oriental.
Dès ses premiers envois au Salon de 1849, il impose une manière qui tient beaucoup de celui qui fut son vrai maître, Descamps. Ses effets de lumière reposent sur une densité, une pulvérulence de pâte et de matière, où des critiques comme Gustave Coquiot ne verront plus tard que « tatouille » et « confiture », mais dont la richesse évoque aussi bien celle de Gustave Moreau. Plus que des jeux subtils et changeants de lumière, Ziem (il est plus près finalement de Monticelli que de Monet, du Vermeer de la Vue de Haarlem que de Turner et de ses variations) sait traduire la densité colorée d'un paysage où la lumière est au propre matière. Plus que la célèbre et malheureusement disparue Vue de Venise (1852, autrefois au musée du Luxembourg, Paris), les différents ensembles laissés au Petit Palais, à la mairie de Beaune ou à Marseille permettent d'apprécier à son prix un artiste sans doute trop fécond et parfois répétitif.
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Écrit par
- Bruno FOUCART : professeur à l'université de Paris-Sorbonne
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