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GONZALEZ-TORRES FELIX (1957-1996)

L'artiste Felix Gonzalez-Torres est né en 1957 à Guaimaro (Cuba). Il quitte ce pays en 1971, avec sa sœur Gloria, pour l'Espagne où il séjournera jusqu'en 1979. À partir de 1979, il étudie la photographie à New York, au Pratt Institute puis au Whitney Independant Study Program. Entre 1984, date de sa première exposition personnelle (Printed Matter, New York) et le 6 janvier 1996, jour de sa mort à Miami, Felix Gonzalez-Torres aura eu le temps de tracer un parcours dont la devise pourrait être cette « scie » que les Français du xixe siècle ont répétée à l'envi : « Glissez, mortels, n'appuyez pas. » Son œuvre se tient sur un fil, celui qui sépare l'intimité et l'espace public, l'éphémère du monde et les choses durables, la douceur des heures heureuses et la violence du malheur.

Gonzalez-Torres s'est lui-même présenté comme un héritier de l'art minimal et de l'art conceptuel, mais qu'il aurait comme fluidifiés pour les couler dans le fleuve de l'existence, comme un artiste devant beaucoup à Lawrence Weiner et à Joseph Kosuth, mais aussi comme un artiste qui a lu Louis Althusser, Roland Barthes, Michel Foucault, Walter Benjamin, et qui s'est servi de ses lectures dans son travail. On prendra la mesure de ces influences intellectuelles en lisant le bon livre-catalogue rédigé pour l'essentiel par Nancy Spector et édité à l'occasion de l'exposition Gonzalez-Torres que les Parisiens ont pu voir, après les Américains et les Espagnols et avant les Allemands, du 11 avril au 16 juin 1996 au musée d'Art moderne de la Ville de Paris. Si la fréquentation des textes a éveillé ou tenu en éveil son sens critique, elle ne l'a néanmoins jamais transformé en illustrateur de théories, sans doute parce qu'il a toujours travaillé à partir de l'expérience vécue. Il en a en outre constamment perçu son caractère double. D'une part, l'expérience vécue, subie, donnée hors de tout choix, de toute intention et de toute décision, d'autre part, l'expérience formulée, dont le résultat prend forme et peut être transmis. Ainsi a-t-il pris comme matière première de son expérience artistique son corps et sa marque signalétique majeure, l'homosexualité, le corps de son amant, Ross, puis leurs deux corps aux prises avec le sida. Il a cherché et proposé des équivalents plastiques à ces corps semblables mais distincts, uniques mais unis ; non pour chanter les amours gays – il n'aimait pas l'appellation d'artiste gay –, mais pour dessiner un cadre symbolique où l'amour des hommes pour les hommes ne se sente pas à l'étroit sans pour autant flotter dans les contours flous du sentimental. Tel amoncellement de bonbons entassés dans un coin de musée, de galerie, ou mieux encore de couloir, car il aimait les lieux délaissés où l'art n'a pas naturellement droit de cité, correspond par son poids aux poids additionnés de son corps et de celui de Ross. Deux horloges indiquant la même heure – Untitled (Perfects Lovers), 1991 – témoignent à la fois d'un méridien commun du sentiment et de deux mécaniques corporelles autonomes, tout comme les rideaux gonflés par le vent et la lumière de Untitled (March 5) et Untitled 1991, version d'Untitled (Lover Boy, 1989) symbolisent une conjonction provisoirement favorable des éléments.

Et de ces tas de bonbons bleus, noirs ou blancs, le visiteur d'exposition est invité, voire exhorté par les gardiens, à en distraire un ou plusieurs, selon qu'il préfère s'adonner au plaisir frugal d'un partage minimal ou aux joies brutales de la goinfrerie ou du stockage. Gonzalez-Torres trouvait « très sexy de mettre quelque chose de sweet dans la bouche des gens ». Un plaisir qu'il promettait à l'autre, tout en sachant que ce que la confiserie autorise,[...]

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  • RESTAURATION (art contemporain)

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    • 2 349 mots
    ...instruction, etc.). Les œuvres contextuelles ou site-specific sont emblématiques de cette indétermination de l'œuvre considérée isolément. Untitled (USA Today) de Felix Gonzalez-Torres (1990, Museum of Modern Art, New York) consiste en un tas de bonbons disposés dans un angle, les visiteurs...