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GOUIN FÉLIX (1884-1977)

Né à Peypin (Bouches-du-Rhône), fils d'instituteur, Félix Gouin, après des études au lycée de Marseille et à la faculté de droit d'Aix, s'inscrit au barreau de Marseille en 1907 et y fait toute sa carrière d'avocat, plaidant pour les syndicats ouvriers avant de mêler le civil et les procès d'affaires. Dès 1902, il est militant socialiste et s'impose parmi les nouveaux dirigeants de la fédération des Bouches-du-Rhône. À une élection partielle de novembre 1911, il conquiert de haute lutte un siège de conseiller général à Istres, dont sa famille est originaire, et le conservera jusqu'en 1958, devenant un homme clé de l'assemblée départementale. Engagé volontaire en 1914, il fait toute la guerre au front. Candidat malheureux en 1914 et en 1919, il prend sa revanche en devenant maire d'Istres en 1923 puis député de la circonscription d'Aix sur la liste du Cartel en 1924. Il conservera tous ces mandats jusqu'en 1958, efficace (on lui doit l'acquisition des œuvres de Cézanne au musée d'Aix) et affable, enracinant un socialisme méridional fait d'action municipale et d'animation d'un subtil réseau d'influence. Cet homme fidèle à son département natal n'acquiert une modeste notoriété qu'en mars 1938 quand il devient président adjoint du groupe socialiste à la Chambre et collaborateur direct de Léon Blum. Ce promunichois refuse pourtant tout défaitisme, et ses fidélités républicaines en font un des quatre-vingts parlementaires qui refusent les pleins pouvoirs au maréchal Pétain le 10 juillet 1940. Avec ses amitiés et le courage de son hospitalité, il joue bien vite un rôle essentiel dans la difficile reconstruction d'une S.F.I.O. clandestine et favorise les contacts avec les autres groupes de Résistance. En février-avril 1942, il est un des trois avocats de Blum devant la cour de Riom, intervenant peu mais assurant une large publicité des audiences auprès des résistants. Sur ordre de Blum, en accord avec Daniel Mayer, il part pour Londres en mai 1942. Il y parvient en août, après un dur séjour dans le camp espagnol de Miranda.

Représentant de la S.F.I.O. auprès de De Gaulle avec André Philip, mais moins gaulliste que lui (son rapport à Léon Blum, d'octobre 1942, est un modèle de compréhension sans complaisance de la grandeur du gaullisme de guerre), il y préside la Commission de réforme de l'État, sans toutefois devenir ministre. À partir du mois de juin 1943, il prépare à Alger l'installation de l'Assemblée consultative provisoire dont il devient le président en novembre, puis en mai 1944.

Félix Gouin - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

Félix Gouin

Avec la Libération, sa carrière prend une dimension nationale. Il se réinstalle dans son département ; l'Assemblée transportée à Paris le maintient à son fauteuil présidentiel ; la première Constituante lui délègue de nouveau cette importante fonction de conciliation et d'arbitrage le 8 novembre 1945. Après la brutale démission du général de Gaulle, l'imprévu survient : Félix Gouin accède aux rudes fonctions de président du Gouvernement provisoire le 23 janvier 1946. Ce vieux parlementaire, qui n'a jamais été ministre et qui ne dissimule pas sa connaissance médiocre de l'administration, est certes un docile instrument qui suit les injonctions des partis, mais il sait néanmoins mettre en œuvre des qualités de décision et une belle lucidité sur les problèmes économiques, financiers et coloniaux qui assaillent alors le pays. Arbitre conciliant des habiletés tactiques du tripartisme, il ne parvient pourtant pas à freiner la politisation de l'administration, à régler l'angoissant problème du ravitaillement, ni même à enrayer par quelques réussites éclatantes de son gouvernement le lent déclin qu'amorce alors son parti. Démissionnaire le 11 juin 1946 après l'élection de la II[...]

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Écrit par

  • : inspecteur général honoraire de l'Éducation nationale, ancien directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de Vingtième Siècle (revue d'histoire)

Classification

Média

Félix Gouin - crédits : Keystone-France/ Gamma-Rapho/ Getty Images

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