IBARRONDO FÉLIX (1943- )
« Passionnément basque, il incarne profondément les qualités de son peuple : ardeur concentrée, véhémence de l'expression pouvant aller jusqu'à la violence, priorité de l'expression vécue sur l'abstraction et les systèmes, générosité et ouverture dans la perspective d'un humanisme sans concessions ni complaisance », a écrit le musicologue Harry Halbreich à propos du compositeur basque Félix Ibarrondo, qui voit le jour à Oñate, dans la province basque espagnole de Guipúzcoa, le 12 juin 1943, dans une famille musicienne. Son premier professeur est son père, qui lui enseigne le solfège et l'harmonie. Il choisit ensuite le piano comme instrument principal et, parallèlement à des études de philosophie et de théologie, suit les cours de composition de Juan Cordero Castaño. Après avoir obtenu ses diplômes de piano et de composition aux conservatoires de Saint-Sébastien et de Bilbao, Ibarrondo s'installe en 1969 à Paris, où il devient l'élève de Max Deutsch, de Maurice Ohana – avec qui il se lie d'amitié et qui exercera une profonde influence sur lui – et de Henri Dutilleux. Il s'initie également à la musique électroacoustique au sein du Groupe de recherches musicales (G.R.M.), sans pour autant succomber à la tentation du studio, même s'il compose en 1978 Icaresque, pour flûte et bande magnétique (ou trois flûtes).
De fait, ce créateur affirme avant tout son attachement à l'écriture, au discours musical, et cela dès sa première œuvre publiée, Aitaren Etxea, pour ténor, deux pianos, violon et un percussionniste (1971), sur un poème de son compatriote Gabriel Aresti. Et, si l'on peut reconnaître, à ses débuts, l'influence de la musique française – il voue une profonde admiration à Claude Debussy –, c'est surtout la musique de Maurice Ohana qui le séduit, par son aspect solaire et tellurique, sa singulière inspiration, enracinée dans la terre andalouse, vibrant des résonances transfigurées du cante jondo et s'ouvrant tout naturellement à la dimension sacrée de la musique : Ibarrondo lui rendra hommage en composant, à sa mémoire, une page pour chœur mixte et soprano soliste, Oroïpen (1993).
Ibarrondo a très tôt trouvé son style, indissociable de ses aspirations tout autant que de ses convictions de cœur et d'esprit (Vague de fond, pour orchestre, 1972 ; Résonances, pour six percussions, 1974 ; Au bord d'abîmes, pour 19 instrumentistes, 1975 ; Sous l'emprise d'une ombre, pour 20 instrumentistes, 1976).
Indépendant forcené, sa rigueur et son exigence n'ont d'égal que son attachement à sa terre et à sa langue natales. En témoignent les titres de beaucoup de ses œuvres (comme Izengabekoa, pour ensemble, 1978 ; Amairuk, pour guitare et douze cordes, 1979 ; Brisas, pour neuf instrumentistes, 1980), ou encore le fait que sa production vocale fait souvent appel à une langue qui, bien qu'inventée, use de phonèmes aux consonances résolument issues de la langue basque : Cibillak, pour voix de soprano, ténor, baryton, deux clarinettes, trois violoncelles (1981) ; Gauherdikoak, pour chœur à quatre voix mixtes et soprano soliste, quatre pianos et six percussionnistes (1989) ; Ahores, pour cinq voix solistes (soprano, alto, ténor, deux barytons) et un percussionniste (1990) ; Lore-Kantak, pour chœur de voix blanches, soprano et alto solistes et 17 instrumentistes (1991) ; Illundik, pour chœur mixte a capella (1999)...
Aucune complaisance aux goûts du jour, aucune facilité d'écriture n'entachent la production de ce créateur qui touche tous les genres, de la musique soliste (Cristal y Piedra, pour guitare, 1978 ; Que cet ardent sanglot..., pour violoncelle, 1980 ; Sismal, pour flûte, 1982 ; Iris, pour piano, 1991 ; Ishtar, pour alto, 1998) au grand oratorio (Ode à Martin, pour chœur mixte, soprano et baryton[...]
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Écrit par
- Alain FÉRON : compositeur, critique, musicologue, producteur de radio
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