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MENDELSSOHN-BARTHOLDY FELIX (1809-1847)

Témoin et initiateur

On sait l'admiration fervente de Robert Schumann : « Mendelssohn, je lève les yeux vers lui comme vers une haute cime. C'est un véritable dieu » (à T. Schumann, 1er avril 1836) ; ou encore : « Je le tiens pour le premier musicien de notre époque » (15 mars 1839, à Simone de Sire). Marcel Beaufils résume ainsi l'apport de Mendelssohn à la musique : il est « à la fois le témoin des solidités anciennes et l'initiateur romantique [...]. La féerie, le surnaturel, l'intériorité nostalgique opèrent chez lui avec des moyens loyaux, merveilleusement dépouillés. » Mendelssohn occupe en effet une place essentielle entre le baroque contrapuntique de Jean-Sébastien Bach, le classicisme concertant de Mozart et de Haydn, la symphonie beethovénienne, d'une part, et, d'autre part, le romantisme qui vient, celui de Schumann en particulier. Ce dernier, dont le génie est ailleurs, n'a pas comme son ami le don précieux de doser les valeurs sonores et il n'atteint jamais à la transparence orchestrale qui illumine la Symphonie italienne ou l'Écossaise ; Schumann, peut-être, enviait la sérénité et la santé mendelssohniennes qui lui faisaient tellement défaut. Cette sérénité s'accommodait, mais dans l'équilibre, de quelque mélancolie. « J'ai, disait Mendelssohn à ses intimes, une prédilection pour le spleen, comme pour tout ce qui est anglais. Et il me le rend bien. » Ainsi l'auteur du Songe ou de Heimkehr aus der Fremde (Retour au pays) ou des Märchen von der schönen Melusine (Contes de la belle Mélusine) excelle-t-il à créer une atmosphère ; il est en cela précurseur du poème symphonique de Berlioz ou de Liszt, mais sans rien attendre d'un texte pour soutenir son évocation. Le souvenir du titre littéraire suffit à orienter l'allusion descriptive. Il faut oublier que Lieder ohne Worte fut traduit par Romances, car Lieder sans paroles évoque aux Français du xxe siècle un plus noble contenu ; ce détail suffirait à éclairer d'un jour neuf leur interprétation. Mais il serait erroné de ne voir dans Mendelssohn qu'un musicien du spleen. La force et le puissant dynamisme qui sont à l'œuvre dans Die Erste Walpurgisnacht, op. 60 (La Première Nuit de Walpurgis, sur une ballade de Goethe) en seraient l'un des plus brillants témoignages : exécutée pour la première fois à l'Académie de chant de Berlin en janvier 1833, cette œuvre fut révisée et publiée dans sa version définitive en 1843 ; elle est le type même d'une composition pour orchestre, chœur et solistes de conception dramatique. Le chœur Komm mit Zacken und mit Gabeln est, sans nul doute, l'un des sommets, non seulement de la musique chorale de Mendelssohn, mais encore de toute celle de son siècle. Berlioz ne s'y est pas trompé qui fut bouleversé à l'audition de cette page, comme si son auteur avait lu par avance le traité d'orchestration du musicien français.

La mélodie mendelssohnienne se caractérise par son ampleur ; cette « expansion mélodique » (D. Handman) nettement accusée, si on la compare à la concentration beethovénienne ou au souffle schumannien souvent haché, se déploie à l'intérieur d'une carrure solide mais souple ; l'ondulation légère, dansante et sérieuse à la fois, n'appartient qu'à lui seul. Le rythme, fréquemment ternaire, possède un frémissement aérien propre ; un staccato e pianissimo inédit l'anime à l'envi. Mendelssohn est le musicien du scherzo ; il a rendu ce mouvement indépendant de la notion de trio, avec lequel il alternait dans la musique classique. Depuis Beethoven, aucune forme nouvelle aussi caractéristique n'était apparue.

Après Haydn et Mozart, jamais l'orchestre n'avait sonné si radieux. Si Mendelssohn ne jouit pas de la rutilance épique de Berlioz ni[...]

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Écrit par

  • : psychanalyste, membre de la Société de psychanalyse freudienne, musicologue, président de l'Association française de défense de l'orgue ancien

Classification

Média

Mendelssohn-Bartholdi - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

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