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FER Vue d'ensemble

Le fer est présent dans l'histoire de l'humanité bien avant l'« âge » du même nom, qu'il est convenu de faire succéder à l'« âge du bronze » un millier d'années avant notre ère. Les espèces minérales riches en fer sont nombreuses dans la nature, facilement identifiables par leurs couleurs (cf. fer-Minerais de fer).

Il n'est donc pas téméraire d'avancer que le fer, par ses qualités de maléabilité et de ténacité, n'a pas été seulement l'accompagnateur mais aussi, dans une large mesure, l'agent de l'anthropisation (au sens culturel du terme) des milieux naturels, puisqu'il n'a jamais été utilisé par un animal, mais seulement par l'homme.

Construction de la tour Eiffel - crédits : Théophile Féau/ Henry Guttmann/ Hulton Archive/ Getty Images

Construction de la tour Eiffel

N'avons-nous pas quelque peu oublié, au xxie siècle, combien le progrès humain est lié, depuis l'invention du four jusqu'à la révolution industrielle, aux progrès de la métallurge, comme nous le rappellent les audaces architecturales de Gustave Eiffel ? (cf. fer et fonte [architecture]).

Combien aussi a-t-il fallu rivaliser ou combattre pour conquérir et exploiter des ressources minérales diverses, puis apprendre, par la maîtrise du feu, à libérer le métal en fusion dans des installations (forges, hauts-fourneaux) de plus en plus gigantesques (cf. sidérurgie) ?

Dans l'antique monde gréco-romain, le fer n'était-il pas représenté, sous son double aspect d'arme et d'outil, par les figures tutélaires Arès-Mars, le guerrier, et Héphaïstos-Vulcain, le forgeron ? Plus récemment, n'a-t-on pas fondé sur la sidérurgie, avec la C.E.C.A., les prémices de l'Union européenne, pour établir sur ce continent les conditions d'une paix durable ?

Façonner le fer, en améliorer les caractéristiques afin d'obtenir mieux encore que du fer en exploitant son affinité avec le carbone : de l'acier, des alliages sophistiqués, multipliant ainsi les possibilités d'utilisation d'un métal dont les propriétés chimiques, à l'état pur, paraissent bien banales, et marquées surtout par sa propension à l'oxydation (cf. fer-L'élément métallique). Soulignons, à ce propos, à quel point l'intelligence humaine a su exploiter au centuple les qualités du fer. Elle a suivi, sans le savoir, l'exemple de la nature qui a mis le fer au centre des fonctions vitales (cf. fer-Rôle biologique du fer).

Ce métal est, en effet, indispensable au maintien de la vie, à l'échelle cellulaire. Certaines algues et bactéries des eaux ferrugineuses en sont particulièrement riches ; elles oxydent le fer ferreux en fer ferrique pour trouver l'énergie nécessaire à l'assimilation de l'anhydride carbonique. Chez les végétaux supérieurs, il est indispensable à la formation de la chlorophylle, bien que n'entrant pas dans la constitution du pigment lui-même.

Dans les milieux naturels, son rôle géobiologique est essentiel et il participe à l'évolution pédologique des sols. Chez l'homme, il se localise en majeure partie dans le sang et, bien que les quantités de métal apportées par l'alimentation excèdent les besoins, son excrétion est minime : l'organisme est « économe en fer ».

L'étude du métabolisme du fer, utilisant les techniques modernes de la physio-chimie (radio-éléments notamment), est associée intimement à l'aspect clinique du problème (anémies par exemple). L'explication du rôle primordial du fer tient au fait qu'il entre dans la composition de substances nécessaires à la vie : hémoglobine (transporteur d'oxygène), cytochromes (transporteurs d'électrons dans les chaînes respiratoires), enzymes héminiques (catalase, peroxydase).

— Didier LAVERGNE

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