MARCOS FERDINAND EDRALIN (1917-1989)
Admis au barreau en 1939, et exerçant d'abord la profession d'avocat, le Philippin Ferdinand Edralin Marcos est mobilisé comme sous-lieutenant en 1941 et participe aux opérations militaires, puis au mouvement de résistance contre l'occupant japonais. À la libération du pays en 1945, il est démobilisé avec le grade de commandant, chargé de rétablir l'ordre et de désarmer les groupes de résistance dans le nord de Luzon. Candidat du Parti libéral, il est élu, en 1949, membre de la Chambre des représentants et poursuit, en même temps, une brillante carrière d'avocat. Marié en 1954 à Imelda Romuáldez, dont le soutien et l'action lui seront d'un grand bénéfice lors notamment des différentes campagnes électorales, et qui jouera un rôle politique croissant à côté de son mari, il est élu sénateur en 1959, puis président du Sénat en 1963. Marcos vise alors la présidence de la République, occupée par D. Macapagal, également membre du Parti libéral et qui entend se représenter. Marcos abandonne le Parti libéral en 1964 pour rejoindre le Parti nationaliste ; l'année suivante, il est élu à la présidence devant Macapagal, qu'il distance de plus de 600 000 voix ; il devient ainsi le sixième président des Philippines. En 1969, Marcos devient le premier président de son pays à être réélu pour un second mandat (suivant la Constitution de 1935, le président sortant ne peut être réélu qu'une fois) par quelque cinq millions de voix contre un peu plus de trois millions à son adversaire du Parti libéral, Sergio Osmena. Au cours du second mandat, le nouveau Parti communiste de tendance maoïste et son organisation militaire, la Nouvelle Armée du peuple, accentuent leur pression ; une insurrection éclate parmi les musulmans du Sud ; les étudiants organisent d'importantes manifestations ; de nombreux attentats ont lieu, dont le plus important est celui de la place Miranda à Manille, perpétré le 21 août 1971 contre une réunion électorale libérale. Le jour même, et jusqu'au 11 janvier 1972, les droits et garanties résultant de l'habeas corpus sont suspendus. À l'occasion des élections sénatoriales, en novembre 1971, sur huit sièges à pourvoir, six sont emportés par les candidats libéraux dont la plupart, blessés, sont incapables de participer à la campagne. Le 21 septembre 1972, le président proclame la loi martiale et décide d'assumer tous les pouvoirs en s'appuyant sur l'armée ; la presse libre est supprimée et plus de 6 000 personnes sont renvoyées de la fonction publique. La proclamation de la loi martiale invoque le danger communiste ; mais, dans son ouvrage Notes on the New Society of the Philippines (1973), le président énumère sept menaces qui l'ont déterminé à agir : les communistes ; la droite, qui préparait un coup d'État ; les sécessionnistes musulmans ; les armées privées ; les éléments criminels ; les oligarques et les interventionnistes étrangers.
Suite à la Convention constitutionnelle, réunie en juin 1970, une nouvelle Constitution philippine est adoptée le 30 novembre 1972. Conformément aux vœux de Marcos, cette Constitution introduit le système parlementaire. Le président de la République n'a plus qu'un rôle effacé et le véritable pouvoir est exercé par le Premier ministre. Le projet, pour entrer en vigueur, doit être approuvé par un plébiscite. Une proclamation présidentielle du 17 janvier 1973 constate que la nouvelle Constitution est en vigueur, car plus de 96 p. 100 des personnes ayant participé au vote l'ont approuvée, à l'exception de la disposition sur l'Assemblée nationale que le président décide donc de ne pas convoquer. Une majorité s'est également prononcée contre tout plébiscite visant à faire ratifier la nouvelle Constitution. En vertu des dispositions transitoires de cette dernière, Marcos exerce les pouvoirs attribués[...]
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Écrit par
- Georges FISCHER : directeur de recherche au C.N.R.S.
Classification
Média
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