GONSETH FERDINAND (1890-1975)
Ferdinand Gonseth est un mathématicien et philosophe suisse.
Fils d'un industriel, Ferdinand Gonseth est né à Sonvilier (Jura bernois) le 22 septembre 1890. Il étudie les mathématiques à l'École polytechnique fédérale de Zurich, où il présente sa thèse de doctorat (1915). Professeur à l'université de Berne (1919), puis à l'École polytechnique de Zurich (1929), il adjoint bientôt à sa chaire de mathématiques supérieures un cours de philosophie des sciences. Dès 1938, il organise les « entretiens de Zurich », rencontres internationales de philosophie des sciences. En 1947, il fonde, avec Gaston Bachelard et Paul Bernays, Dialectica, une revue internationale de philosophie de la connaissance. Il est aussi fondateur et président honoraire de l'Union internationale de logique, méthodologie et philosophie des sciences. Docteur ès lettres honoris causa de l'université de Lausanne, il devient par ailleurs correspondant étranger de l'Institut de France.
Aveugle, Ferdinand Gonseth dicte la plus grande partie de son œuvre. Il s'affirme lors de nombreuses conférences avec une maîtrise qui en impose à ses contradicteurs. Marié, père de deux enfants, il meurt le 17 décembre 1975 à Lausanne, où il s'est établi à sa retraite.
L’œuvre philosophique de Ferdinand Gonseth, d'une unité imposante, est entièrement consacrée à montrer que les sciences sont animées d'un même mouvement, qui n'a rien d'arbitraire parce qu'il doit à la fois s'ajuster à une réalité qu'il s'agit de comprendre et à notre esprit qui doit construire l'idée juste, l'idée qui convient. Gonseth a créé successivement des mots qu'il a doués d'une force d'intention particulière. Ce fut tout d'abord le mot « idonéisme », qui sert à caractériser sa philosophie, « idoine » désignant « ce qui est approprié » à la science actuelle, « ce qui tient compte des conditions » : la bonne théorie est celle qui est la mieux ajustée à la confrontation constante des principes et de l'expérience. Puis il impose les expressions de « synthèse dialectique » – dans son progrès, la science doit à la fois s'appuyer sur une matière déjà formulée et s'avancer vers ce qui donnera lieu à sa propre révision – et d'« horizon de réalité », c'est-à-dire la perspective que chacune des synthèses contribue à dégager. Ce sont, d'une part, l'horizon que dessine la concordance dans la science des trois aspects intuitif, expérimental et théorique, d'autre part, celui de l'axiomatique qui permet de préciser les notions fondamentales de « schéma » et de « modèle » propres à éclairer les rapports du concret et de l'abstrait. Plus tard (1970), Gonseth crée le terme de « référentiel », qui désignera « un système de références faute duquel aucune analyse n'est possible » ; ainsi, le référentiel d'une philosophie des sciences est la recherche scientifique dans son ensemble : c'est dire que la philosophie est elle aussi sujette à révision.
Ces mots, dont on ne peut donner ici un inventaire complet, forment une terminologie personnelle et irremplaçable qui tend à souligner le caractère vivant de la science. C'est là l'option fondamentale de l'idonéisme de Gonseth : l'ouverture à l'expérience. En d'autres termes, le savant et le philosophe sont véritablement engagés dans leur recherche. Le mouvement de toute recherche comporte quatre phases : le savoir préalable (on ne part jamais d'un degré zéro de la connaissance, il n'y a pas de référentiel premier ni définitif) ; l'apparition d'un fait nouveau inexplicable par ce savoir ; la formulation d'hypothèses propres à intégrer ce fait à la théorie ; la mise à l'épreuve de ces hypothèses, qui conduit à une révision du savoir de départ. Cette conception[...]
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Écrit par
- Anne-Françoise SCHMID : licenciée ès lettres
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Autres références
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OBJET
- Écrit par Gilles Gaston GRANGER
- 8 211 mots
...comprendre en ce sens la thèse de Wittgenstein dans le Tractatus, qu'« il n'y a pas d'objets logiques ». On peut bien alors parler avec F. Gonseth d'« objets quelconques », susceptibles d'interprétations variées : « propositions », mais aussi « classes », à condition bien entendu que l'on...